Les diabétiques de l’étude de Newcastle ont adopté pendant huit semaines un régime à très basses calories. Getty/ PM Images
Considéré comme une maladie chronique dont on ne guérit pas, le diabète de type 2, peut pourtant céder en suivant un régime hypocalorique. C’est ce que vient de démontrer une petite étude en Angleterre chez des diabétiques dont certains étaient traités depuis des années.
Le jour où vos analyses de sang révèlent que vous avez un taux de sucre dans le sang à jeun supérieur à 1,26 g/l, votre médecin vous annonce que vous êtes diabétique. Vous savez déjà que votre vie ne sera plus tout à fait la même qu’avant cette découverte.
Régime très restrictif de deux mois
Le diabète est en effet considéré comme une maladie irréversible, évolutive et incurable. Mais des équipes de chercheurs tentent depuis des années de faire mentir cette affirmation considérée comme parole d’évangile. Récemment, des scientifiques anglais sont parvenus à débarrasser des diabétiques de leur pathologie en leur faisant suivre un programme alimentaire.
L’étude a été menée auprès de 30 malades, hommes et femmes âgés de 25 à 80 ans et atteints d’un diabète de type 2 depuis plusieurs années, un membre du groupe l’était depuis 23 ans. Tous présentaient un surpoids, ou une obésité très avancée. Même si l’étude est très restreinte compte tenu du petit nombre de patients inclus, elle n’en constitue pas moins un espoir pour les 415 millions de diabétiques que compte la planète.
L’équipe du Dr Roy Taylor de l’université anglaise de Newcastle a donc proposé au groupe de diabétiques qu’elle a suivi, d’arrêter leur traitement antidiabétique tout en adoptant pendant huit semaines un régime à très basses calories (600-700 par jour).
Sur quelle durée ?
Le programme alimentaire était constitué d’une boisson lactée de type milkshake à prendre trois fois par jour à la place des repas. La seule nourriture solide consistait en 225 grammes de légumes non féculents. Après ces deux mois, les participants ont repris une alimentation normale étudiée pour stabiliser leur perte de poids (en moyenne 13 kilos). C’est cette période qui a nécessité l’accompagnement le plus attentif tant la sortie du régime sévère est périlleuse.
Le Dr Roy Taylor précise qu’il est loin d’être le premier à mettre des diabétiques au régime pour tenter d’inverser leur diabète. Mais dans cette étude c’est la première fois que même après avoir cessé leur programme diététique sévère, la moitié des expérimentateurs ont vu leur diabète s’inverser sur une si longue période.
« Ce travail modifie considérablement notre compréhension du diabète », a estimé le Dr Taylor. Nous avons démontré que les taux de glycémie restaient dans la norme (moins de 1,26 g/l) après le régime et durant six mois à partir du moment où la perte de poids était maintenue, et cela même chez les personnes traitées depuis des années. « On peut vraiment dire que le diabète est une maladie potentiellement réversible », affirme avec force le médecin.
Des bénéfices certains, même transitoires
Les 30 volontaires de l’étude du Dr Roy Taylor ont arrêté leur traitement antidiabétique durant l’expérimentation. Getty/richcano
Près de trois ans après la fin de l’étude, un des volontaires maintient toujours sa glycémie à des taux normaux. Dans le New York Times, le Dr Taylor admet cependant que personne ne sait exactement comment un régime hypocalorique parvient à inverser le diabète. Il émet l’hypothèse que c’est peut-être dû à l’excès de graisses stockées dans le foie qui se déversent dans le pancréas inhibant la sécrétion d’insuline et provoquant à la longue le diabète.
« Adopter une alimentation très peu calorique pendant un laps de temps limité permet peut-être à l’organisme d’utiliser ces graisses présentes dans le foie, dégageant du même coup celles du pancréas et normalisant le taux de glucose dans le sang », poursuit le chercheur.
Des endocrinologues réputés ont observé de près l’étude menée par l’équipe du Dr Taylor et ils concluent que même si on ne sait pas combien de temps on peut prolonger la période sans diabète, les bénéfices acquis en quelques mois de rémission sont de toute façon intéressants. Y compris pour ceux souffrant de la maladie depuis plus de dix ans et qui ne sont pas parvenus à inverser leur diabète, la baisse de leur glycémie a quand même été importante.
L’espoir des probiotiques
Même une période limitée à six mois sans diabète permet par exemple de limiter ou repousser les complications redoutables du diabète comme les lésions nerveuses, les atteintes de la vision, du foie, les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux…
Une autre piste est explorée pour traiter le diabète à la « source ». Des chercheurs britanniques ont par exemple déjà mesuré sur des rats les possibilités offertes par les lactobacilles, des micro-organismes de l’intestin, à qui on fait secréter une hormone qui libère de l’insuline. Les résultats obtenus (baisse de 30 % du glucose dans le sang) sont si encourageants que les scientifiques poursuivent toujours sur des rats leurs essais avec des doses plus élevées. Prochaine étape, si les résultats sont confirmés, des essais sur les humains.
Le domaine des probiotiques est tellement prometteur que les grands laboratoires pharmaceutiques rejoignent les start-ups qui ont initié le mouvement
C /S