Le dossier dit affaire “Palladino” a pris fin avec un arrangement « à l’amiable » entre les autorités américaines et la firme Och Ziff, qui – selon les autorités américaines – a corrompu des personnalités proches du président Condé et des hauts fonctionnaires guinéens pour sécuriser des contrats miniers en Guinée.
L’entente a été signée le 29 septembre 2016 après une longue enquête du FBI (Federal Bureau of Investigation – la police fédérale des Etats-Unis) et le rapport rendu public quelques semaines plus tard.
Le fonds d’investissement Och-Ziff a payé un total de 412 millions de dollars d’amende soit 223 millions au département américain de la justice et 199 millions à la bourse de New York sans « admission de culpabilité » au gendarme boursier chargé de maintenir la confiance des investisseurs dans le système boursier censé combattre la corruption. Cette amende est la 4ème la plus élevée dans l’histoire de la bourse de New York. En plus le PDG de la firme, Dan Zich (sur la photo), et le directeur Financier Joel Frank accusés d’avoir organisé la corruption systématique dans des pays africains dont la Guinée à travers le Gabonais Samuel Mébiane et le Sud Africain Walter Henning sont frappés de pénalités pécuniaires dont 2,2 millions pour Dan Zich et une surveillance renforcée de leur futures activités à la bourse de New York.
Aucun sou n’est revenu aux Guinéens pourtant les premières victimes de cette corruption alors que le pays traverse une crise financière aiguë.
Dan Zich (sur la photo) est un riche Américain, ancien de Goldman Sach et un habitué du sommet de Davos, auquel le président Alpha Condé était devenu fréquent durant les premières années de son arrivée au pouvoir. Dans une ironie du sort, l’intermédiaire gabonais, Samuel Mébiane est envoyé en prison en attendant un procès pour corruption.
nous rapporte le quotient guineenews après lecture du rapport de FBI
Trois personnages clés sont cités sans être nommées dans le transcript du ministère de la justice américaine : Mohamed Condé, le fils du président et Samuel Mebiane, un intermédiaire entre des intérêts sud africains et le nouveau pouvoir guinéen issu des élections de 2010 etWalter Hennings, le millionnaire fondateur de la firme Palladino.
Le document décrivant les manœuvres d’accord entre les deux parties est révélateur du degré de corruption dans les mines en Afrique en général et en Guinée en particulier ce qui prouve que la Guinée est encore loin encore pour éradiquer ce fléau.
Le rapport du FBI sur la corruption dans les mines en Guinée.
Sous le titre « Transactions utilisées pour à financer la corruption dans les mines en Guinée », le FBI, décrit qu’en 2010, un employé d’Och-Ziff apprend que le partenaire commercial sud-africain (Palladino) a eu des contacts de haut niveau avec la famille d’un politicien de haut rang en Guinée (Alpha Condé à travers son fils Mohamed) et ses contacts lui ont permis d’avoir accès à des potentialités d’acquisition de concessions minières en Guinée au cas bien sûr où l’opposant guinéen est élu.
Dans une communications impliquant l’employé Och-Ziff avec Mebiane (cité dans le rapport comme un consultant) en juillet 2010, il est révélé que : « ce [Haut fonctionnaire du gouvernement guinéen] a demandé à la [société minière] de ne traiter qu’avec lui. En exclusivité… SI VOUS ÊTES INTÉRESSÉ ET POUVEZ SATISFAIRE [sic] leur demande, je peux organiser une réunion immédiatement entre vous et ce représentant du pouvoir guinéen. »
Puis, il y a eu le report des élections de 4 mois et l’élection du président Alpha Condé en novembre 2010 et son intronisation en décembre 2010.
Une fois Alpha Condé installé, Samuel Mebiane et Walter Henning reviennent à la charge et se préparent à débourser les 25 millions promis en échanges de contrats miniers avec le nouveau pouvoir.
En février 2011, le partenaire commercial sud-africain sollicite de l’aide du fonds d’investissement Och-Ziff, pour créer « un partenariat commercial afin de bénéficier financièrement avec le futur gouvernement guinéen ». Pour cela, ils décident de vendre des actions d’une compagnie pétrolière et gazière.
C’est en avril 2011, que la firme Och-Ziff, via une société écran achète des actions d’une société pétrolière et de gaz dans laquelle, le partenaire sud-africain (Palladino), et le fonds d’investissement Och-Ziff détenaient déjà des actions significatives.
Le rapport poursuit que « Och-Ziff a structuré la transaction de façon à ce que le partenaire sud-africain (Palladino) obtienne 52 millions de dollars pour corrompre une personnalité proche d’une autorité politique guinéenne (Mohamed Condé fils du président Alpha Condé) ».
Pour contourner les autorités sud africaines, Och-Ziff et Palladino ont concocté un stratagème dans lequel ils vont acheter des actions d’une valeur de 52 millions de dollars soit 31,5 millions d’actions d’une firme de pétrole et de gaz. Les auteurs de la fraude ont ensuite revendu immédiatement 18,5 millions de ces actions pour 77 millions de dollars. Malheureusement, cette transaction s’est faite sur la base des fausses informations fournies par Och Ziff approuvée par la direction de la firme, écrit le FBI.
Les investisseurs – propriétaires légaux de la compagnie – n’ont pas été mis au courant que Och-Ziff a fait la transaction sur la base de faux renseignements, de plus le partenaire sud africain a ensuite versé 2,1 millions de dollars à Och-Ziff pour rembourser une dette dans laquelle les investisseurs n’avaient aucun intérêt accuse le FBI
Ainsi ont été financés les 25 millions de dollars offerts au futur gouvernement de la Guinée pour tenter d’obtenir l’accès aux investissements miniers ; de plus, un million de dollars ont été versés à un haut fonctionnaire du gouvernement guinéen et à sa famille, et les conspirateurs se sont partagés le reste.
Les Guinéens ont été surpris d’apprendre qu’un prêt de 25 millions de dollars ont été pris en leur nom et le gouvernement remboursera le montant suite aux révélations , du Financial Times et la pression de Rio et du FMI.
Selon des observateurs, la Guinée a donc signé des ententes avec le diable et malheureusement, non seulement, les projets n’ont pas eu lieu mais des scandales de corruption s’en sont suivis avec des procès interminables ternissant de plus l’image de marque de la Guinée entachée par les régimes précédents.