Courant ce mois de juin, Bernard Tchoutang s’esclaffe et Samuel Eto’o n’a pas du tout envie de rire. Surtout quand le premier Camerounais insinue que le second en aurait « envoûté » un troisième. Si l’accusation désopilante ressemble à une bonne blague, elle se conclut tout de même sur le mode « je dis ça, je dis rien ».
L’incrimination date du début de la semaine dernière . Sur le plateau de l’émission « Le Vestiaire », l’ex-footballeur Bernard Tchoutang évoque la Coupe d’Afrique des nations 2000 et les problèmes digestifs qui empêchèrent le titulaire Joseph-Désiré Job d’y prendre part. Truculent, l’invité de la chaîne SFR Sport narre une anecdote qui se serait déroulée la veille de la diarrhée fatale : lors d’une séance d’entraînement au Ghana, Samuel Eto’o aurait mystérieusement serré la seule main de Job, refusant le contact avec d’autres phalanges collègues. Mobile du crime mystique présumé ? L’assignation à toilettes du salué aurait permis au futur quadruple ballon d’or africain d’être le meilleur buteur de la compétition…
Il est de notoriété publique que ma vraie magie, c’est le travail
Tchoutang blaguait-il ? Les visages des autres invités du plateau – Frank Lebœuf, William Gallas et Emmanuel Petit – ne permettent pas de trancher, tant ils oscillent entre incrédulité et rires nerveux. Tchoutang lui-même, après quelques signes d’hilarité teintés de mouvements d’épaules, conclut par « Je sais pas, mais je l’ai vécu », « Job a perdu cinq kilos. Il avait la mentalité européenne, mais à la fin il a compris ».
Ce que Eto’o Fils a compris, lui, c’est que son ex-coéquipier aujourd’hui télévisé nourrit de la haine à son égard, sentiment qui, selon un post Facebook du ballon d’or africain, « ne peut exister que dans l’absence de toute intelligence ». Et d’ajouter : « bien qu’offusqué par de telles déclarations, je n’éprouve à ton égard que de la compassion car je réalise, à cet instant, les dégâts que peuvent provoquer jalousie et aigreur. Il est de notoriété publique que ma vraie magie, c’est le travail ». a-t-il affirmé
En Afrique, on ne plaisante pas avec la magie noire
Si Samuel Eto’o a pris les déclarations de Tchoutang au premier degré, ce n’est pas seulement qu’il digère traditionnellement mal la critique. C’est que sous les sourires, en Afrique, on ne plaisante guère avec la magie noire. Il y a quelques mois, la Fédération rwandaise interdisait officiellement la sorcellerie, peut-être plus embêtée par les mouvements intempestifs d’indésirables sur le terrain que par l’efficacité des charlatans.
Pendant la dernière CAN, les vestiaires bruissaient de rumeurs de veaux sacrifiés, de gris-gris déposés dans les cages ou de quête d’une mystérieuse graine noire protectrice. Et les justifications mystiques de défaites ne sortent pas que de bouches subsahariennes. À cette même CAN 2017, le footballeur tunisien Ferjani Sassi accusa le Sénégal d’avoir usé de la magie « boukhoukhou »…
Nous y reviendrons