Les labels représentent-ils un outil important pour faire de bons choix alimentaires ? La réponse de Stéphane Besançon, nutritionniste et directeur de l’ONG Santé Diabète
Igor Strauss : Pour démarrer cette chronique, pouvez-vous nous rappeler les quelques grands principes pour adopter une alimentation équilibrée ?
Stéphane Besançon : Tout d’abord il y a l’aspect quantitatif de notre alimentation. En effet, on doit manger pour combler nos dépenses énergétiques de base qui correspondent à ce dont l’organisme a besoin pour son fonctionnement mais aussi pour couvrir les dépenses énergétiques liées au travail musculaire lors d’activités physiques. Ces besoins sont exprimés en un nombre de calories / jour nécessaires pour le fonctionnement de l’individu. Même s’ils varient suivant le sexe, l’âge et des périodes particulières de la vie, on peut prendre quelques repères simples : un homme avec une activité physique habituelle devra avoir un apport de 2500 Cal/jour et une femme 2000 Cal/jour. Ces besoins augmentent avec l’augmentation de l’activité physique. Une marche lente d’une heure fait dépenser entre 100 et 150 calories tandis qu’une course fait dépenser entre 300 et 500 calories.
I.S. : Une fois que l’on respecte les apports quantitatifs quels sont les choix qualitatifs à privilégier ?
S.B. : Pour adopter une alimentation équilibrée, il faut retenir 5 grands principes :
- Respecter au maximum les rythmes alimentaires en respectant les 3 repas par jour tout en limitant au maximum les grignotages entre ces repas ;
- Diversifier et intensifier la consommation de fruits et légumes en essayant de respecter au maximum la recommandation d’une consommation de 5 fruits et légumes par jour ;
- Assurer un apport adéquat en micronutriments (vitamines et minéraux) et en protéines ;
- Avoir un apport mesuré en imiter les lipides, en sel et en sucres ;
- S’hydrater correctement avec de l’eau qui est la seule boisson nécessaire à notre organisme en essayant d’avoir un apport moyen de 1,5 litres d’eau par jour.
I.S. : Pourquoi l’adoption de labels peut-elle aider à faire des meilleurs choix ?
S.B. : Parce qu’il est plus facile de faire des choix alimentaires sains lorsque l’on achète des produits bruts et qu’on les cuisine nous-même. Or, aujourd’hui, dans une majorité de pays, la population consomme 70% d’aliments produits par l’industrie agroalimentaire que l’on appelle aliments transformés ou aliments ultra transformés. Ils ont beaucoup de succès car ils sont prêts à être consommés, leurs compositions les rend très attrayants et ils sont souvent peu chers car préparés avec des ingrédients à faibles coûts. Malheureusement, ils présentent souvent des caractéristiques nutritionnelles peu intéressante car ils sont très caloriques, avec une composition très déséquilibrée. En effet, ils sont riches en calories, en graisses, en sucres et en sel tout en étant pauvres en fibres et en vitamines et minéraux.
Il est donc difficile pour un consommateur qui se promène dans un supermarché de lire les étiquettes scientifiques de tous les produits et de pouvoir interpréter et analyser leurs contenus. C’est ici que les labels ou scores nutritionnels vont avoir un grand rôle. Ils vont permettre, à partir d’une code couleur ou de pictogrammes, de voir directement sur la boite d’un produit industrialisé la qualité nutritionnelle de celui-ci.
I.S. : Pouvez-vous nous donner un exemple de label qui a été évalué et qui fonctionne ?
S.B.: La France a testé et va tenter de passer à échelle le Nutri-Score qui est un logo à 5 couleurs apposé sur la face avant des emballages. Le Nutri-Score est constitué d’une échelle de 5 niveaux alliant une lettre et une couleur qui informe le consommateur directement sur la qualité nutritionnelle du produit. L’échelle va du produit le plus favorable sur le plan nutritionnel (classé A avec une couleur verte) au produit le moins favorable sur le plan nutritionnel (classé E avec une couleur rouge).
I.S. : Est-ce que ceci peut aussi être mis en pratique sur le continent africain ?
S.B.: La question de la qualité de l’alimentation est une question de plus en plus importante en Afrique. Les aliments industrialisés prenant une place de plus en plus importante il va falloir que les pouvoirs publics travaillent sur cette question de label pour informer au mieux les consommateurs. Mais en parallèle, les autorités vont devoir aussi travailler sur des mécanismes innovants pour informer le public sur la qualité nutritionnelle des produits vendus hors du domicile et qui présentent très souvent une composition très calorique et très déséquilibrée.