Chronique(Abdel Ben ) : La Guinée victime de son élite

    Du haut de ma vingtaine d’années d’expériences confirmées de journaliste professionnel, détenteur des secrets et confidences de l’élite guinéenne sous ses différents courants de pensée, j’ai décidé de rompre le silence. Et pour ne pas m’exprimer sans objectivité ni conviction comme le font certains journalistes qui jettent le doute sur ce qu’ils croient pourtant dur comme réalité, j’ai choisi sans aucune crainte d’être taxé de partisan, de dire  dans cette chronique, à quoi ressemble à mes yeux, le jeu favori de l’élite guinéenne de 1958 à cette année 2017 et qui, j’avoue, défavorise l’essor économique de notre pays.

    En effet, tant  dans les coulisses du pouvoir, qu’au sein de l’opposition et dans les rouages des institutions internationales, loin de jeter l’anathème sur tous ou d’accuser à tort quelques singularités, l’élite guinéenne depuis l’accession de la Guinée à la souveraineté internationale, asservit l’opinion publique, abuse du peuple pour se servir et non pour servir la nation, (des business men de la crise).

    D’où les détournements de denier public, la malversation, la corruption, la délation contre celui  ou ceux qui agissent bien, et que dis-je, la nuisance au bien collectif pour des intérêts égoïstes. Pour atteindre cet objectif sordide, tous les moyens sont bons. Notamment le sabotage, la culture de l’ethno stratégie, le régionalisme et les regroupements byzantins.

    Cette situation révoltante interpelle tous les patriotes à faire l’ultime sursaut comme certains de nos devanciers l’ont manifestement fait, le 2 octobre 1958.

    C’est dans cette optique que, excédé de ceux qui manipulaient l’opinion des communautés touchées par la maladie à virus Ebola,  le Président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Claude Kory Kondiano  lors de la célébration de la fête d’indépendance le 2 octobre 2015  a dans un entretien à Guineenews dit : « je vais vous dire que ce ne sont pas les communautés qui sont réticentes. C’est l’élite et les intellectuels qui sont à la base. Quand les populations ont manifesté à Macenta, il y avait des mains invisibles derrière. A Guéckédou également, il y avait des mains invisibles. »

    Il convient de rappeler dans le même ordre d’idée que, de l’agression portugaise du 22 novembre 1970 aux autres tentatives de déstabilisation du pays empêchant ainsi la première République d’impulser le développement économique de la Guinée, le pillage systématique des ressources de la Guinée par le biais d’une privatisation sauvage des entreprises publiques sous le règne de  feu Général Lansana Conté qui, à en croire son ancien Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré, demandait toujours si c’est bon pour le pays, l’attaque contre le domicile privé du Président Alpha Condé le 19 juillet 2011, les remous sociopolitiques de 2012 à 2013 avec leur corollaire de plus de 1000 milliards Gnf de perte en terme de recettes, les vandalismes perpétrés  contre les entreprises minières depuis février 2017 en Basse et Haute Guinée, la liste est longue, sont aussi des agissements révélateurs des objectifs inavoués d’une certaine horde d’intellectuels et d’élites guinéens.

    En tout état de cause, comme l’a dit Stéphane Essel, ces travers  qui ont si martyrisé le peuple de Guinée, doivent indigner la nouvelle élite pour une fois encore, dire Non tels que  les patriotes l’ont unanimement fait lors du référendum gaulliste de 1958.

    Mais à l’analyse de la sociologie politique de la Guinée d’aujourd’hui, les vrais observateurs restent très pessimistes, car l’instrumentalisation, la régionalisation et l’ethnicisassion de la jeunesse qui fait plus de 50 pour cent de la population sont des facteurs de division et d’aveuglement de nos compatriotes.

    C’est évidemment au regard de cette triste réalité que la frange minoritaire de l’élite guinéenne qui croit à la maxime Epicurienne selon laquelle, l’on doit être utile aux autres afin qu’ils te soient utiles, doit faire un sursaut collectif en interpelant la conscience de ceux qui se laissent asservir par une horde d’intellectuels hostiles à l’altruisme, donc aux intérêts d’autrui.

    Depuis l’avènement de la troisième République avec le programme de gouvernement porteur de projets structurels susceptibles de lancer un véritable processus d’émergence économique en Guinée, l’on assiste aux yeux impuissants à toutes sortes de manœuvres dilatoires visant à empiéter sur cet élan amorcé. Là également, est un stratagème fomenté par une classe d’élite ayant arboré le manteau d’hommes politique et qui ont juré d’empêcher le Président Alpha CONDE de gouverner. Une réédite de l’éternelle tentative de déstabilisation qu’a connue la première République de 1958 à 1984.

    En outre, il faut dire qu’une autre catégorie d’élites déguisées en activistes de la société civile (new-look), contribue elle aussi à tirer le pays en arrière par le biais des financements vicieux  des mouvements hostiles à l’actuel régime.

    Aussi, et encore, pour des raisons absolument farfelues, des syndicalistes dissidents et désavoués par les leurs, provoquent des troubles à l’ordre public sous prétexte de défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs de Guinée. Quelle perfidie ? L’on invoque une raison sociale et dans l’obscurité, on tend la main aux hommes politiques pour des vivres et espèces sonnantes.

    L’histoire retiendra que suite au déclenchement d’un mouvement social, des supposés leaders syndicaux se sont livrés aux actes répréhensibles lors d’un simulacre de revendication présumée d’ordre social.

    En observateur avisé, j’estime que ces actes néfastes à la gouvernance du pays depuis des lustres, ne dérivent que de la lutte des intérêts égoïstes et egocentriques au détriment du peuple.

    Il est temps de tirer la sonnette d’alarme à l’effet d’un éveil populaire.  Si ailleurs, le débat d’idées se fait avec une intégrité désintéressée, il n’y a aucune raison que la Guinée soit un sixième continent où il est permis de tout annihiler et de tout nier. Avec une bonne dose d’objectivité dans les actions et dans les critiques de l’action gouvernementales, la Guinée peut s’estimer aujourd’hui être sur un chemin balisé pour son développement. Mais, faut-il que tous les Guinéens regardent dans une même direction en s’interrogeant de savoir, ce qu’ils veulent.

    Le développement de notre nation pour le bonheur collectif et inclusif ou les guéguerres qui freinent le décollage économique du pays ?

    Dans l’arène politique de la Guinée d’aujourd’hui, tel doit être le point d’interrogation qu’il faille trouver sur les lèvres de tous ceux qui se battent pour le vrai bonheur du vrai Guinéen.

    Tout autre démarche fut- elle élitiste ou je ne sais technocratique ou encore « ce qui n’est pas fait par moi, est mauvais », n’est point favorable au progrès socioéconomique du Guinéen.

    Pour finir, je conclus que, sous le règne du Comité Militaire pour le Redressement National (CMRN), le souhait des intellectuels patriotes guinéens, était de voir un universitaire présider aux destinées de la Guinée afin d’attirer les investissements étrangers dans le pays.

    Ce 21 décembre 2017 qui coïncide avec 7ème anniversaire de l’investiture du Président Alpha CONDE, ouvre des perspectives heureuses qui constituent  un réel motif d’espoir pour le pays. En tout cas, c’est la première fois dans l’histoire de la gouvernance de la Guinée, que le pays engrange autant de fonds pour financer ses grands projets. Ceux-ci s’ajoutent aux projets réalisés ou en cours de réalisation, notamment dans les domaines d’infrastructures et de la création de richesses.

    Mais les Guinéens pour y arriver, doivent procéder aux lectures lucides de leurs problèmes en vue de les transcender et avoir pour credo, la paix et la stabilité politique. L’anarchie et la chienlit que certains pour leur autosatisfaction, cherchent à ériger en mode de revendication, sont contre productives. Et par ricochet, elles ne pourront que maintenir les Guinéens dans l’extrême pauvreté  et la misère!!!