« Pour oser revendiquer et exiger l’égalité avec les hommes, nous avons l’obligation de remplir un minimum de critères, nous avons des devoirs. Nous devons nous instruire, nous former et nous engager pour atteindre l’équité genre, dont nous rêvons toutes ».
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Le 8 mars célèbre la Journée Internationale des Femmes ! Officialisée par les Nations Unies en 1977, la Journée Internationale des Femmes trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement les groupes et associations de militantes préparent des manifestations, pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications, afin d’améliorer la situation des femmes. La Journée internationale des femmes reste aujourd’hui d’une brûlante actualité car, tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer.
Bonjour Madame Condé Djènè ; Vous avez créé en mars 2011 une fondation portant votre nom et ayant comme programme phare la protection de la santé maternelle et infantile. Pouvez-vous nous donner les raisons de ce choix particulier ?
Je vous remercie ; effectivement, en mars 2011, j’ai créé la Fondation PROSMI. Le choix de consacrer ma Fondation principalement aux services de la femme et de l’enfant a été motivé par mes visites dans des structures hospitalières de notre pays en 2010.
En effet, pendant la campagne pour les élections présidentielles de 2010 auxquelles mon époux s’était porté candidat, j’ai constaté lors des nombreux déplacements dans les hôpitaux que non seulement les structures sanitaires de notre pays étaient dans un état de dénuement total, mais aussi que la situation des femmes et des enfants y étaient déplorables. La Guinée était de très loin, le pays où les taux de mortalité maternelle et infantile étaient très élevés. Les structures sanitaires très vétustes, étaient dans des conditions d’hygiène déplorables.
C’est à ce moment-là que je me suis fait la promesse de me consacrer au bien-être des femmes et des enfants, si mon époux, Pr Alpha Condé, accédait à la magistrature suprême de notre pays.
Ce qui fut fait grâce à Dieu et dès le mois de mars 2011, la Fondation PROSMI a été créée.
Sept ans après, quelles sont les principales réalisations de votre fondation ?
En sept ans, nous avons dans la mesure de nos capacités fait des actions dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’environnement, de l’autonomisation des femmes, de la culture, de la paix et de l’humanitaire. Je ne pourrai citer que quelques réalisations.
Nous avons, avec l’appui du Gouvernement et des partenaires, construit des centres de santé ; fait don de matériels médicaux à des hôpitaux et à des centres de santé. Pour exemple, je peux citer la maternité du CHU de l’hôpital Donka, totalement équipée par PROSMI.
Nous avons construit cinq centres de santé à Conakry et à l’intérieur du pays ; Nous sommes aussi pleinement investis dans la lutte contre l’épidémie à virus Ebola, et nous sommes déployés sur le terrain pour soutenir les personnes survivantes que nous affectons dans le cadre du Post-Ebola. Dans ce même domaine également, nous avons permis avec la TIKA, la formation de sages-femmes et doté l’INSE du CHU DONKA en groupe électrogène, pour pallier le déficit d’énergie. En ce moment des jeunes médecins suivent une formation en Inde ; je n’oublie pas, tout récemment, l’arrivée de médecins iraniens qui ont officié une semaine complète à l’hôpital national Ignace Deen ; pendant cette période des centaines de personnes ont reçu des soins. Toujours dans notre collaboration avec d’autres institutions, avec Barraquer, nous avons organisé l’opération « Laissez vos yeux s’amuser », au cours de laquelle plus de 250 de nos compatriotes ont été opérés de la cataracte.
Nous avons surtout, avec la chaine de l’espoir, procédé à des évacuations sanitaires d’un certain nombre de nos enfants pour subir en France des interventions chirurgicales nécessitant une technologie de pointe ; la séparation des bébés siamois a été une réussite et à Doura, la ville dévastée par un incendie, nous avons apporté notre contribution pour la reconstruction, et donné des conseils utiles dans le cadre du lotissement dans nos villages, pour éviter d’autres sinistres. On peut aussi citer les dons de vivres dans les mosquées à l’occasion du mois saint de Ramadan. Il y’a bien d’autres actions que je ne peux pas toutes énumérer ici.
Je crois humblement que nous apportons notre contribution pour la réussite de la politique sanitaire du Gouvernement Guinéen.
Sur le plan de l’éducation, la Fondation PROSMI a initié le projet BUM qui est le bon usage du médicament dans les écoles ; je n’omets pas l’assainissement à travers le slogan « j’aime mon école, je la rends propre », et l’ouverture de cantines qui ont permis à des milliers d’élèves, surtout les filles, d’être maintenus à l’école. Nous avons, grâce à la coopération avec Rochas Fondation, envoyé cinq élèves orphelins au Nigéria pour poursuivre leur cycle scolaire.
L’autonomisation des femmes, fait partie des préoccupations de PROSMI ; nous avons, grâce à la coopération avec la Chine et la Turquie, envoyé dans ces pays des femmes et des jeunes filles en formation pour leur perfectionnement dans les métiers qu’elles ont appris. Personnellement je me suis impliquée pour que les groupements féminins obtiennent des crédits dans l’exercice des activités génératrices de revenus. C’est pourquoi j’ai accepté d’être la marraine des MUFFA de Guinée.
La paix étant essentielle pour le développement d’un pays, nous avons organisé deux évènements importants au bénéfice de la paix et de la concorde nationale; le premier qui s’est déroulé en 2012 était un atelier intitulé « femme et paix » et qui a réuni plus de 400 femmes pour proposer des pistes de solutions à la sauvegarde de la cohésion sociale dans notre pays et plus récemment, en octobre 2017, mon cabinet a organisé la journée de concertation pour la concorde nationale. « La femme Guinéenne au service de la paix » ; pendant cette rencontre, d’éminentes individualités dont des personnalités féminines, ont participé aux cotés de centaines de femmes issues d’associations et groupements, à apporter des recommandations pour que notre pays reste un havre de paix, un pays où le dialogue, plutôt que la violence, est privilégié pour résoudre les malentendus et rectifier les frustrations. La femme est la première victime des conflits ; c’est elle qui subit le plus, soit en devenant prématurément veuve, soit en perdant ses enfants, ou en se faisant souvent tuer ou violenter.
Pensez-vous qu’il y’a de l’évolution dans le traitement des femmes en Guinée ? La reconnaissance de leurs rôles dans la société est-elle plus effective aujourd’hui ?
Sincèrement, je crois qu’il y a de l’évolution dans les conditions de vie des femmes, bien que le chemin à parcourir reste encore long.
Les femmes occupent de plus en plus de postes de responsabilités dans notre pays. Elles prospèrent autant que les hommes dans les affaires et sont aujourd’hui celles sur qui reposent les charges dans bon nombre de familles.
Le taux de femmes diplômées augmente d’année en année et leur proportion dans les instances de décision s’améliore, surtout avec la troisième République
Néanmoins, les femmes doivent savoir que tout s’arrache ! Rien ne s’obtient facilement. Nos devancières, surtout en Guinée, sont des exemples dans l’émancipation de la femme Africaine, et notre devoir est de poursuivre la lutte pour que la Guinéenne ait dans la société la place qu’elle mérite. Pour oser revendiquer et exiger l’égalité avec les hommes, nous avons l’obligation de remplir un minimum de critères, nous avons des devoirs. Nous devons nous instruire, nous former et nous engager pour atteindre l’équité genre, dont nous rêvons toutes.
Madame la Première Dame, l’épanouissement de l’enfant est au cœur de vos actions. Dites-nous quelles sont vos perspectives pour cette année 2018 ?
En 2018, comme les années précédentes, l’enfant va occuper une place prépondérante dans nos activités. La Journée de solidarité sera organisée au cours de laquelle nous réunirons des enfants démunis et déshérités issus de milieux défavorisés, pour passer des moments agréables et distribuer des cadeaux et à Siguiri, une zone fortement victime de déscolarisation à cause de la multiplication de mines d’or ‘’traditionnelles’’, nous allons construire un centre de réinsertion pour remettre à l’école et en apprentissage des enfants qui ont abandonné les études.
La construction du centre pédiatrique est également une de nos priorités cette année qui verra aussi la continuation des cantines scolaires pour maintenir en classe de plus en plus d’élèves.
La distribution de fournitures scolaires et denrées dans les écoles et orphelinats se poursuivra. Des Bourses d’études pour la Malaisie et le Nigéria, seront octroyées cette année à des enfants et comme chaque année, la Participation au mois de l’enfant en Juin sur le plan environnemental, nous impliquera dans le reboisement en haute Guinée avec une ONG de jeunes car, la situation y est alarmante à cause de la destruction de la végétation par les exploitations minières.
Madame la première dame, quel est votre message à la fin de cet entretien ?
Je lance l’appel à tous les Guinéens, particulièrement aux femmes, pour la préservation de la paix et de la quiétude sociale. La Guinée doit rester un pays uni et solidaire pour atteindre son objectif d’émergeance dans quelques années. Pour cela, l’implication de la Guinéenne est nécessaire.
Je vous remercie.
La Cellule de Communication du Gouvernement
La Rédaction de webguineenews.664020659