Aux racines du mouvement rastafari, de la Jamaïque à l’Afrique

    Bob Marley, figure mythique du reggae, est mort il y a 37 ans, le 11 mai 1981. C’est notamment en son honneur que se tient cette semaine au Tchad, à Ndjamena, la première édition du festival Afro’On. En partenariat avec l’Institut français du Tchad, ce festival consacré au reggae s’achève demain samedi 12 mai. Au programme : des concerts, mais aussi des conférences et débats organisés autour de la culture rasta, étroitement liée au reggae. Les organisateurs du festival espèrent ainsi mieux faire connaître un mouvement souvent mal compris ou méconnu, né dans les années 1930 en Jamaïque, mais résolument tourné vers le continent africain.

    « Il faut expliquer le mouvement rastafari, parce que c’est très mal compris. Un rasta, c’est une attitude, une philosophie », assure le reggaeman Guevara Ragilfall, directeur artistique du festival Afro’On.

    À l’origine, le mouvement naît en Jamaïque au sein des populations noires, des descendants d’esclaves déportés sur l’île. Et dès ses débuts, il est résolument tourné vers l’Afrique. Un événement va en particulier contribuer à son éclosion : le couronnement de Hailé Sélassié en 1930 à Addis-Abeba en Éthiopie. Un roi noir qui devient empereur à l’époque où le continent africain est dominé par les puissances coloniales.

    L’événement connaît un retentissement planétaire. Il fait la Une du Time aux États-Unis et du Daily Gleaner sur l’île de la Jamaïque où une poignée de prêcheurs noirs se mettent à élever Hailé Sélassié au rang de divinité. Ils répandent l’idée que Hailé Sélassié est la réincarnation de Dieu sur Terre, venu au monde pour mettre un terme à la domination de l’homme blanc sur l’homme noir.

    Cette idée est aux fondements du mouvement rastafari qui va également se nourrir, tout au long de son histoire, de la pensée du Jamaïcain Marcus Garvey, figure emblématique du nationalisme noir. Marcus Garvey défend l’affirmation d’une fierté noire, la réappropriation d’un héritage africain et prône le rapatriement des diasporas africaines en Afrique.

    Ce n’est qu’à partir des années 1940 que le mouvement rastafari s’impose comme une culture et un mode de vie alternatif en Jamaïque. Mais il faut attendre les années 1970, période d’explosion de la musique reggae, pour que la pensée rastafari s’impose à l’échelle planétaire, notamment grâce à des artistes comme Bob Marley qui véhiculent le message rastafari dans leurs chansons.

    Les rastafari sont présents un peu partout sur le continent, en Afrique anglophone comme francophone. Au Ghana, au Togo, au Bénin, au Burkina ou encore en Côte d’Ivoire.

    Mais contrairement aux idées reçues, le mouvement rastafari n’est pas homogène. Il existe différents ordres, dont les trois principaux sont les 12 tribus d’Israël, les Nyabingi et les Bobo Shanti. Chaque ordre a sa particularité. Les Bobo Shanti, que l’on retrouve par exemple au Togo, font, eux, le choix d’un mode de vie en communauté, tourné vers la nature et la spiritualité.

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