A la date du vendredi 10 Mai 2019 , L’Union européenne a déjà consommé les ressources naturelles dont il dispose pour l’année 2019. C’est-à-dire son jour de « dépassement » .A l’occasion de la journée de l’Europe, le jeudi,9 mai Pierre Cannet, codirecteur des programmes au WWF France, a tiré la sonnette d’alarme.
jour de « dépassement ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Ce jour de dépassement est la date à partir de laquelle l’Europe aura épuisé toutes les ressources auxquelles elle a « droit ». Nous nous basons sur les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et nous compilons les données concernant l’agriculture, la pêche, la forêt, la consommation d’énergies fossiles et beaucoup d’autres. Ils sont ensuite analysés en complément de données économiques et sociales. Nous obtenons toutes les ressources consommées pour chaque pays et par habitant. Par exemple, si vous consommez du pétrole à la pompe, celui-ci sera comptabilisé en France, et non dans le pays producteur. C’est donc lié avec les émissions de carbone issues de ces carburants. Ainsi, la Chine, qui atteindra son jour de dépassement à mi-juin, le doit au fait que c’est « l’usine du monde », qui produit beaucoup pour les autres. Ajouté à sa forte population, cela dilue le résultat par personne. Les chiffres obtenus peuvent varier à cause d’événements exceptionnels ou ponctuels dans différents pays. En 2018, le jour de dépassement de la France était le 5 mai, contre le 15 cette année. Il y a eu des avancées, mais c’est aussi dû à des inondations qui ont fait chuter de 20 % la production agricole en France, par exemple. La crise aussi a eu des effets disparates selon les pays. D’où l’intérêt de faire une moyenne européenne.
Que constate-t-on au niveau européen ?
La date du 10 mai est alarmante. Pour simplifier, si le monde entier consommait comme les Européens, il nous faudrait 2,8 planètes pour contenter chacun. L’Europe a un comportement de prédateur vis-à-vis des ressources. Pour une population qui compte pour seulement 7 % au niveau mondial, on prélève 20 % de la biocapacité du globe. Même si nous avons fait des efforts sur les énergies renouvelables et que notre empreinte est presque deux fois moindre que celle des Etats-Unis, elle n’est pas tenable. Et encore, certains pays du sud ont été touchés par la crise et ont donc fortement réduit leur consommation. Il est temps de prendre de grandes mesures, car nous avons commencé à emprunter des ressources aux générations futures.
Que préconisez-vous au niveau européen ?
La transition énergétique ne sera pas suffisante, nous devons préparer une grande transformation. Cela ne passe pas uniquement par les efforts des citoyens, c’est d’abord la responsabilité des Etats. WWF recommande en premier lieu que 50 % du budget de l’Europe soit consacré à l’économie verte et bleue et, bien sûr, sans que l’autre moitié subventionne une économie polluante. Cela permettrait, par exemple de mettre en place une politique agricole qui préserve les ressources naturelles et protège les agriculteurs des fluctuations de marché. Il est impératif de mettre en oeuvre l’accord de Paris pour maintenir la hausse de température à 1,5 °C et atteindre zéro émission nette d’ici à 2040. Le ferroviaire dans toute l’Europe doit être encouragé, car le transport par énergies fossiles représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Nous devons accélérer le déploiement d’initiatives telles que la sortie du diesel aux Pays-Bas d’ici à 2030. De plus, l’écologie peut produire aujourd’hui sept fois plus que l’économie traditionnelle, l’Europe doit donc encourager les emplois verts. Surtout, nous poussons les Européens à aller voter aux élections pour un projet qui s’inscrit dans la protection des océans, des forêts et des ressources. L’Europe a été créée sur l’acier et le charbon, elle doit se réinviter autour des défis sociaux et écologiques.
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