Tribune : la tyrannie psychologique du FNDC sur le peuple de Guinée (Bella Kamano)

Bien qu’étant un idéal, donc ce à quoi l’on aspire, la démocratie reste quand même, la meilleure forme de gouvernance au cours de ces dernières décennies. Car, elle accorde toutes sortes de possibilités de s’épanouir aux sujets des Etats.
Ici, c’est celle de la liberté au sens large (de penser, d’opinion, de se mouvoir, de croire ….) qui nous intéresse. Parce que c’est elle qui est aujourd’hui niée à une certaine catégorie de citoyens Guinéens voire à l’Etat, lui- même, garant des droits et libertés fondamentaux.
Pourtant, chacun est libre de penser ou d’avoir son opinion sur un sujet donné sans obliger l’autre à renoncer à sa liberté de penser ou d’opinion contraire. En démocratie, on n’a jamais une opinion supérieure. Elle est supérieure le temps que l’autre exprime la sienne. Ce n’est que seulement dans la comparaison des opinions sur le ring d’un débat civilisé que peut jaillir l’opinion supérieure. Comme pour dire que c’est de la contradiction que peut jaillir la lumière qui aidera à éclairer tout le monde.
Malencontreusement, les partisans du front national pour la défense de la constitution (FNDC) n’appréhendent toujours pas que leur combat ne doit pas concerner forcement tous les citoyens Guinéens. Il y a des citoyens Guinéens qui ont des opinions différentes des leurs qu’ils sont libres d’exprimer ou pas.
Il est aussi libre de penser que son combat est celui du peuple mais pas de le croire. Car, dès qu’on le croit, on chute dans le piège de mener non seulement son propre combat, mais celui des autres aussi, même s’il ne les concerne pas et sans en avoir le moindre mandat.
C’est le cas visiblement chez les partisans du fameux FNDC. Ils ne pensent pas seulement tirer la noblesse et la légalité de leur combat du peuple, mais ils y croient fermement. Du coup, ils noient et empêchent même, d’autres catégories de Guinéens de penser tout l’inverse. De la même manière que cette catégorie de Guinéens pensent et croient solidement à la cause qu’ils défendent, les partisans du FNDC) seraient libres de considérer leur cause illégitime, illégale voire perdue.
Ce sont des privilèges de la démocratie qui ne doivent pas être pris en otage par un groupe quelconque, au risque de sombrer dans la tyrannie sur les esprits humains avec pour instrument, la manipulation psychologique.
Or, force est de constater que dans les discours et actes des partisans du FNDC, la tyrannie sur les esprits devient plus perceptible aujourd’hui plus qu’hier. J’en veux pour certificat, la publication des « listes des promoteurs du troisième mandat.» Ils vont jusqu’à menacer de les traduire devant la CPI. Des menaces qui peuvent dissuader d’autres citoyens à soutenir à l’avenir le troisième mandat qui est érigé dorénavant en crime de lèche majesté par cette attitude biscornue.
Sous une dictature aveugle par exemple, dire manifestement que je suis contre un 3ème,4ème,5ème mandat pouvait valoir à son auteur de la prison ou la mort. Mais si dans une démocratie, dire que je suis pour un 3ème mandat peut valoir à son auteur une traduction à la CPI. Ce qui est pourtant, une certaine liberté d’opinion ; dans ce cas, c’est la dictature aveugle qui s’intervertit en démocratie. A la différence que le procès à la CPI sera mené par des juges et des avocats neutres.
Pire est la déclaration qui a précédé les marches du 14 ,15 et 16 octobre 2019, dans laquelle il est intimé l’ordre aux entreprises et commerces de tous fermer. Aux automobilistes, motards et cyclistes de tous garer. Aux citoyens de rester chacun chez soi.
Dans ces expressions à la polysémie impérative, Il raisonne nettement de la tyrannie sur les esprits, parce qu’elles sèment la psychose généralisée. Niant explicitement la liberté de se mouvoir aux citoyens qui ne se retrouvent pas dans leur combat.
Par ailleurs, il est également incompréhensible qu’une entité comme le FNDC qui prétend défendre une constitution, bravent des décisions prises par des autorités établies conformément aux dispositions de ladite constitution, au point d’instaurer une peur généralisée. C’est le cas des marches non autorisées et manifestations autorisées avec une légère modification d’itinéraire, mais bravées. Où est alors le sens de leur combat ?
Thomas Jefferson, le troisième Président des Etats-Unis disait : « Je jure sur l’autel de Dieu une hostilité éternelle à toute forme de tyrannie s’exerçant sur l’esprit de l’homme.»
Bella KAMANO, Journaliste et analyste politique