Les enfants exposés aux écrans le matin avant d’aller à l’école ont trois fois plus de risque de développer des troubles du langage, selon une étude parue le mardi 14 janvier 2020 dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’agence sanitaire Santé publique France.
L’étude a été menée en Ille-et-Vilaine sur des enfants nés entre 2010 et 2012, lorsqu’ils étaient âgés entre 3 ans et demi et 6 ans. Cent soixante-sept étaient atteints de troubles du langage, 109 en étaient indemnes. Parmi ceux présentant des troubles du langage, 44,3 % étaient exposés aux écrans, contre 22 % de ceux qui en étaient indemnes.
La dangerosité ne vient pas de la durée de l’exposition, mais bien du moment de la journée où elle se fait, affirme Manon Collet qui a mené cette recherche. « Ce n’est pas tant la durée d’exposition le matin qui compte, mais vraiment le moment, c’est-à-dire le matin avant l’école. Un enfant qui va être exposé à un écran va répondre à un réflexe d’orientation de la vigilance vers un stimuli lumineux et externe qui va capter son attention. L’écran en stimulant ce réflexe va vraiment l’exciter et l’épuiser. Et l’enfant va être moins capable de se concentrer pour le reste de sa journée ».
La règle des quatre « PAS »
« Le fait de ne pas discuter du contenu des écrans avec ses parents va aller multiplier par deux le risque de développer des troubles primaires du langage. Et un enfant qui va être exposé le matin à l’école, ne pas discuter du contenu des écrans avec ses parents, va être six fois plus à risque et développer des troubles primaires du langage », analyse la généraliste et coautrice du dossier.
Si tous les chercheurs s’accordent à dire qu’il n’y a pas de moment plus favorable à l’exposition des enfants aux écrans, Manon Collet recommande toutefois de respecter la règle des quatre « PAS » : « Pas d’écran le matin, avant les repas, avant de se coucher et dans la chambre de l’enfant ». Aujourd’hui en France, deux enfants de 2 ans sur trois regardent la télé chaque jour.