Afrique de l’ouest :Le président du bénin Patrice Talon retire le plus grand projet ferroviaire à Bolloré

 

Pas besoin de faire les ondulations érotiques des petits tyrans du divan de la Françafrique. Le chef d’État béninois Patrice Talon, après avoir dit à Macron, les yeux dans les yeux qu’il voulait récupérer les oeuvres d’art volées par les colons et stockées dans les musées français, ne passe pas par quatre chemins pour virer Vincent Bolloré du marché obèse de construction et de réhabilitation des chemins de fer en Afrique de l’Ouest.
Dans une interview accordée au magazine Challenges, Patrice Talon demande à Bolloré quitter définitivement du projet de boucle ferroviaire de 3000 km qui consiste à construire un chemin de fer long de 1170 km et à réhabiliter 1830 km. Le gigantesque marché de 3 milliards d’euros a pour cahier de charges de relier le Bénin à la Côte d’Ivoire, en passant par le Burkina Faso et le Niger. Bien que s’étant précipité à démarrer les travaux au Bénin, allant construire 140 km de rails en plein désert du Niger, Bolloré est stoppé en plein élan par Talon qui lui reproche sa ringardise et sa niaiserie pour un tel projet qui se veut moderne. Le marché sera attribué à la Chine qui dispose du plus grand réseau TGV du monde de plus de 11 000 km, et qui bat les leaders européens qui sont Alstom et Siemens.

Coup dur pour Bolloré et la France qui ont déjà perdu les marchés dans 12 pays anglophones, lusophones où la Chine construit les chemins de fer et exporte la technologie: Nigéria, Kenya, Angola, Zimbabwe, Éthiopie, etc.

Pendant ce temps, Bolloré vient de réaliser 511 millions d’euros de chiffre d’affaires en Afrique francophone rien qu’en 2017, et s’apprête à vendre les décodeurs à 35000 FCFA aux Africains francophones , alors qu’ils sont gratuits pour ses clients en France. Selon le reportage diffusé sur France 2, Bolloré tire 80% de ses revenus en Afrique à travers les ports, plantations et mines. Il contrôle le port de Douala par lequel transitent 60% des produits de tous les pays d’Afrique centrale. Il gagne 250 millions d’euros avec la Société Camerounaise de Palmeraies. C’est aussi son ami Paul Biya qui lui a offert la Société Camerounaise de chemins de fer pour 1 euro symbolique. Et même après la mort de centaines de Camerounais dans ce train surchargé avec des wagons sans freins, Bolloré refuse de dédommager les familles des victimes et de moderniser les rails. Maintenant qu’il est chassé par le courageux Talon en Afrique de l’Ouest, ce sont dans les pays des peureux dictateurs de l’Afrique centrale qu’il viendra augmenter les prix pour combler le déficit. Comme le disait Gilbert Cesbron en 1958:«Ce sont les gens pauvres qui vous donnent toujours trop à manger».

J. RÉMY NGONO