Wembley accueille la finale de l’Euro 2021 dimanche, avec d’un côté l’Angleterre, à domicile donc, et de l’autre l’Italie. Deux sélections en quête de rédemption : la Squadra Azzurra, en reconstruction, veut panser ses blessures anciennes et récentes, alors que les Three Lions courent après un titre depuis 55 ans. Une seule nation touchera les étoiles au coup de sifflet final.
Un volcan est prêt à entrer en éruption à Londres. Wembley, dans le nord-ouest de la capitale de l’Angleterre, gronde. Dimanche 11 juillet, au soir, il sera brûlant. Le stade, bâti sur les ruines de son prédécesseur du même nom, sera le théâtre de la finale de l’Euro 2021. Et l’équipe d’Angleterre sera au rendez-vous face à l’Italie. Une vraie finale entre, d’une part, l’équipe du pays où le football est né – d’après des informations plus ou moins discutées –, et d’autre part, une sélection qui affiche l’un des plus prestigieux palmarès du monde.
Voilà pour le contexte historique. Mais cet Italie-Angleterre, c’est aussi une finale pour apaiser des années de cauchemars. Les deux finalistes ont des parcours différents, des plaies variées, mais un même objectif : gagner et mettre un terme à des années, voire des décennies de déboires.
L’Italie veut achever sa résurrection
Il y a trois ans, les tifosi italiens subissaient un terrible affront : la Coupe du monde 2018 se déroulait sans leur sélection. La Squadra Azzurra, quadruple championne du monde, avait raté la qualification pour le tournoi en Russie. En barrages, la Suède avait eu le dernier mot. L’Italie absente d’un Mondial, pareil camouflet n’était plus arrivé depuis 1958 et l’édition… en Suède, justement.
Depuis ce raté, l’Italie est en phase de reconstruction. Gian Piero Ventura, symbole de la faillite italienne, est parti. Après un court intérim assuré par Luigi Di Biagio, Roberto Mancini s’est installé au poste de sélectionneur. Et la métamorphose est impressionnante. Avec un groupe sans grande star mais soudé et sûr de ses capacités, l’ex-entraîneur de l’Inter Milan et de Manchester City a redoré le blason. Mancini n’a connu la défaite qu’à deux reprises et peut se targuer d’une invincibilité record qui court depuis 33 matches, soit depuis septembre 2018.
Un 34e match consécutif sans défaite serait parfait pour remettre l’Italie au sommet de l’Europe. La « Nazionale » a remporté une fois l’Euro, mais c’était en 1968, à l’époque où la phase finale de la compétition ne réunissait que quatre équipes. Depuis, l’équipe nationale est allée de désillusions en désillusions, dont deux terribles. En 2000, les Azzurri s’inclinaient en finale à Rotterdam face à l’équipe de France (2-1 après prolongation, but en or) alors qu’ils menaient 1-0 à la 90e+3. Et en 2012, l’Italie prenait une raclée, encore en finale, contre une Espagne injouable à Kiev (4-0).
Avec son sélectionneur porte-bonheur, son excellent gardien Gianluigi Donnarumma, ses vieux briscards Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci, ses talentueux milieux Nicolo Barella, Jorginho et Marco Verratti, sans oublier ses multiples solutions offensives (cinq joueurs ont inscrit deux buts dans cet Euro), l’Italie entend bien scalper l’Angleterre chez elle pour confirmer son retour au premier plan.
L’Angleterre et sa reine attendent depuis 55 ans
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Si talentueux, si souvent cités parmi les plus équipes les plus prometteuses, mais presque toujours bredouilles : tel est le chemin de croix des Three Lions depuis plus d’un demi-siècle. En 1966, chez elle, l’Angleterre remportait la Coupe du monde. Ce sacre mondial reste, pour l’heure, le seul trophée de son histoire. Les Anglais n’ont, depuis, plus jamais disputé ne serait-ce qu’une finale. L’échec de 1996 reste gravé dans les mémoires : en demi-finale de l’Euro, à Wembley, l’Angleterre s’était inclinée face à l’Allemagne, avec un tir au but décisif manqué par Gareth Southgate.
Devenu sélectionneur, l’ancien défenseur a déjoué une partie de cette poisse qui accompagne la sélection nationale avec ce succès face aux Allemands en huitièmes de finale, puis cette trajectoire jusqu’en finale. Mais les supporters en veulent beaucoup plus. Après 18 mois rythmés par le Covid-19 et toutes ces années de déceptions sportives, les fans n’ont qu’un rêve : enfin fêter un succès de leurs favoris, 55 ans plus tard.
Là où les générations des Shilton, Lineker, Waddle, Seaman, Beckham, Owen, Lampard et autres Rooney ont échoué, la bande emmenée par le capitaine et buteur Harry Kane est à 90 minutes (voir plus) de réussir. 65 000 spectateurs seront là pour assister au spectacle, dont une large majorité de Britanniques ; moins de 10 000 places ont été réservées aux supporters italiens. Le prince William, grand amateur de ballon rond, sera présent. La couronne d’Angleterre est aussi assoiffée de victoire que ses sujets.
Dans un message public, la reine Elizabeth II s’adresse ainsi à Gareth Southgate : « Il y a 55 ans, j’ai eu la chance de remettre la Coupe du monde à Bobby Moore et j’ai vu ce que cela signifiait pour les joueurs, la direction et le staff technique d’atteindre et de gagner une finale. (…) Je vous adresse mes meilleurs vœux, avec l’espoir que l’histoire ne retienne pas seulement votre succès mais aussi l’esprit, la détermination et la fierté. » Toute l’Angleterre retient son souffle. Le volcan si longtemps endormi est prêt pour l’éruption.
RFI