En vacance à Paris capitale française, le chef de file de l’opposition Honorable Mamadou Sylla s’est exprimé ce samedi 21 aout, sur les sujets qui font la une des débats actuellement en Guinée. Il s’agit du prélèvement de 5% du salaire des fonctionnaires guinéens, et la révocation de la liberté conditionnelle d’Abdoulaye Bah. C’est à l’occasion d’une interview qu’il a accordé à la rédaction du site d’Africa guinée, dont voici la teneur.
Avant mon départ j’avais appris que le gouvernement allait prélever 5% du salaire de tous les fonctionnaires .Mais des voix de certains se levaient déjà pour dénoncer de fait q’ils n’ont pas été consultés pour leur expliquer davantage les raisons de cette augmentation. Pour moi avant de prendre une décision de cette nature, il faut d’abord ouvrir le dialogue et la concertation en vue d’éviter la confusion. Déjà le salaire du fonctionnaire guinéen est très maigre s’il faut encore amputer sur ça , cela nécessite assez d’explication et de sensibilisation.
Répondant à la question de savoir si c’est une compensation des pertes enregistrées au cours du combat pour le 3eme mandat ,Honorable Mamadou Sylla précise :
D’abord financer successivement 3 élections sans aide extérieures ne peut pas rester sans conséquences .Le président même n’a pas manqué à le dire de serrer encore les ceintures , par ce que les caisses sont vides , et c’est pourquoi les dépenses de l’Etat se sont amenuisées . Donc penser que c’est pour compenser des pertes enregistrées au cours de l’organisation de ces élections semble être une réalité .Parce qu’il n’y a pas suffisamment de communication la dessus de la part du gouvernement. Et on dit que quand il n’y a pas de communication c’est la confusion qui s’installe.
En évoquant la sortie du barreau qui s’est insurgé contre le retour en prison d’Abdoulaye bah, le leader de l’UDG dira :
Vous savez que je ne suis pas étranger dans ce dossier. Depuis ma prise de fonction j’ai mené beaucoup de démarche. Et à leur sortie je suis allé rendre visite à tous ces quatre détenus libérés sous condition .Au cours de cette visite je leur ’ai prodigué d’utiles conseils, en leur invitant de rester tranquille, de ne rien provoquer pendant cette période. J’ai eu à partager même mon expérience en la matière pour avoir passé dans la même prison à un moment donné . Le barreau est dans ses prérogatives de défenses des justiciables .Mais à mon avis il ya eu vice de procédure depuis leur mise en liberté. C’était la première fois d’entendre que c’est la direction pénitentiaire qui accorde une liberté conditionnelle aux détenus en lieu et place du procureur. Alors si cela s’est passé sans réaction du barreau, les mises en cause devraient faire attention, s’abstenir de tous les propos pouvant compromettre cette liberté conditionnelle .
Parlant de la crainte de certains qui pensent que si cette exigence est respectée , les autres pourraient se retrouver à nouveau en prison .Pour le leader de l’UDG les autres ne doivent pas être frappés du même fouet puisque c’est une procédure pénale et non civile.
S’ils ont accepté de leur mettre en liberté par la direction pénitentiaire, ils n’ont qu’à continuer comme tel. Maintenant révoquer la décision de mise en liberté , je dirai que si on en arrive là , c’est Abdoulaye Bah qui a provoqué. Mais je crois que les autres ne doivent pas être victimes de cette violation .Car il est le seul responsable de ses actes. C’est une procédure pénale et non civile. Donc ce n’est pas logique de faire payer les autres. Il devrait s’abstenir durant cette période. Moi je leur ai raconté ce que j’avais vécu. En 2006-2007 quand on m’a arrêté pour m’envoyer à la maison centrale, comme c’était politique, j’avoue que ça été un choc pour moi . Mon jeune frère direct avait fait un accident grave, on l’avait envoyé à Kamsar. Il était entre la vie et la mort.
A l’époque, quand on m’a mis sous contrôle judiciaire, on m’avait interdit de franchir le cordon du Km36 pour sortir de Conakry pour me rendre dans une autre ville ou bien d’arriver au port. Mais j’étais parti voir mon frère à l’hôpital et revenir le même jour. Le lendemain, vers 20H, la police a débarqué chez moi avec plusieurs pickups pour me prendre et me dire que j’ai violé le contrôle judiciaire.
J’ai relaté cet épisode que j’ai vécu aux détenus politiques quand je suis passé les voir. Je leur ai demandé de faire beaucoup attention parce que je suis passé par là. Et voilà les conséquences. Jusqu’à présent, je vis avec ça parce que mon frère était décédé. C’était très dur pour moi.
Le contrôle judiciaire est très compliqué. C’est comme lorsqu’on te condamne à sursis. Tu es libre, mais attention puisqu’en cas de récidive, c’est direction en prison sans jugement. Donc, il faut que les gens le comprennent ».
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