En Thaïlande, suite à la légalisation récente du cannabis pour un usage médical, le gouvernement vient de légaliser une autre plante auparavant classée comme une drogue et interdite, moins connue celle-là : le kratom. Il s’agit bien sûr de dépénaliser les consommateurs mais aussi de favoriser le florissant marché des exportations.
C’est un arbuste, la mytragina speciosa, qui pousse dans le sud de la Thaïlande, mais aussi en Malaisie ou en Indonésie, et dont on consomme les larges feuilles vert foncé. Soit on les mâche directement soit en infusion. Cette plante est connue depuis des siècles par les locaux pour ses vertus énergétiques et anti-douleurs. Elle est utilisée pour soigner le diabète ou soulager la toux mais aussi particulièrement consommée dans les professions qui exigent de longues heures sans dormir, les chauffeurs routiers par exemple, mais aussi les chauffeurs de taxi à Bangkok ou les ouvriers dans les plantations d’hévéas qui ont des horaires de nuit.
Bien sûr il existe aussi un usage récréatif de la plante, mélangée à d’autres boissons énergétiques comme du cola par exemple, très prisé des adolescents notamment dans les provinces musulmanes où l’usage d’alcool est restreint. Un usage qui s’est étendu à d’autres catégories de population pendant la crise sanitaire, à la faveur de l’interdiction des ventes d’alcool en Thaïlande pendant toute la durée du confinement.
De « l’héroïne légale » ?
Jusqu’à il y a quelques semaines, c’était une drogue de classe 5, dont la vente, selon la loi, pouvait vous envoyer en prison pendant deux ans. En réalité sur le terrain, depuis quelques années déjà la simple possession de kratom se réglait en général avec une amende autour de 20 euros, ce qui représente une somme importante pour un salaire moyen. Depuis la légalisation à la fin du mois d’août, les feuilles sont désormais disponibles partout et leur prix est en chute libre : de 20 centimes à 5 centimes d’euros la feuille.
Les autorité ont aussi derrière la tête de favoriser les exportations vers plusieurs marchés dont les États-Unis qui importent déjà via des réseaux d’e.commerce informel des quantités importantes de la plante, notamment pour remplacer les opioïdes anti-douleurs qui sont sous le feu des critiques depuis quelques années pour les terribles phénomènes d’addiction qu’ils entraînent, et qui n’existent pas, selon les consommateurs, avec le kratom.
Mais tout le monde n’est pas de cet avis : certains médecins aux États-Unis assurent que le kratom n’est rien d’autre que de « l’héroïne légale » et qu’il peut aussi entraîner des phénomènes de dépendance. La plante est actuellement évaluée par des experts et l’OMS doit trancher sur le sujet dans les prochains mois.