À Glasgow, la COP26 s’est terminée ce samedi 13 novembre avec un jour de retard, mais surtout sur un coup d’éclat de l’Inde, qui, a la dernière seconde avant que le texte final ne soit adopté, a réussi à faire changer un article sur le charbon.
Ce n’est pas de cette manière que la présidence britannique comptait terminer la COP26 : son président, Alok Sharma, présentant ses excuses, incapable de dissimuler son émotion et peut-être, sa honte, devant les petits pays qu’il avait promis de défendre et qui s’est dit « profondément désolé » pour ce dénouement
« La COP 26 se résume à du blabla. Le vrai travail continue en dehors de ces salles et nous n’abonnerons jamais, jamais », a de son côté accusé la jeune militante suédoise Greta Thunberg.
La plénière pendant laquelle le texte final devait être accepté ce samedi avait mis extrêmement longtemps à commencer, les discussions continuaient dans les allées, et on a fini par apprendre que l’Inde soutenue par la Chine avait obtenu à la dernière seconde une modification importante : le texte final ne parle plus de sortir peu à peu du charbon mais de réduire peu à peu le charbon.
Protestations de plusieurs pays
Tollé, protestations officielles de plusieurs pays, qui finissent par avaler la couleuvre car il est trop tard, et le texte est finalement accepté. Une déception supplémentaire, après l’absence d’engagement financier suffisant pour l’adaptation des pays en développement face au changement climatique, ou encore l’absence totale d’enveloppe, à part quelques millions de dollars, pour les pertes et préjudices, ces dégâts irréparables causés par le changement climatique.
Les ONG dressent aussi un bilan très critique de ce somment, à cause notamment de l’échec à accorder un financement additionnel sur les pertes et dommages subis par les pays déjà touchés par des catastrophes liées au dérèglement climatique. « La COP 26 a été une COP des pays du Nord qui reflète les priorités des pays riches », tranche le Réseau action climat. Tandis que Care France évoque un « dialogue de sourds entre pays pollueurs et pays vulnérables ». Pour Greenpeace France et son porte-parole Clément Sénéchal, le résultat de cette COP26 est très « insuffisant si ce n’est un fiasco ».
« Bien sûr, je suis extrêmement déçu. Si l’on écoute la science, la seule solution, c’est d’arrêter le charbon, il faut être franc, a réagi Per Bolund, le ministre suédois du Climat et de l’Environnement. Ce texte n’aurait pas dû être changé. Mais d’un autre côté, nous savons qu’il y a des pays, en tous cas c’est comme cela qu’ils le voient, qui sont dépendants du charbon. Et nous avons des pays qui veulent continuer à chercher du pétrole. Pour que nous ayions un accord, il faut qu’ils acceptent le texte. Donc forcément ils ont du poids ».
Le début de la fin du charbon
Malgré ce revirement impulsé par l’Inde certains veulent toutefois rester optimistes quant à la portée symbolique du texte. « Je ne pense pas que changer un mot change le signal, et le signal que nous avons eu lors de cette conférence est clair : le charbon est en train d’être abandonné, a affirmé Jennifer Morgan, la directrice de Greenpeace. C’est la combinaison de deux choses : d’abord, le fait qu’il soit mentionné pour la première fois aussi clairement dans un texte de l’ONU – même si nous aurions voulu que le vocabulaire soit plus fort – et puis l’engagement la semaine dernière de nouveaux pays qui ont décidé d’abandonner le charbon, comme le Vietnam et l’Ukraine, et celui de vingt pays d’arrêter de financer les énergies fossiles ».
Pour Boris Johnson à la tête du pays hôte de la COP26, « l’accord signé est un grand pas en avant, même s’il y a encore énormément à faire dans les années qui viennent ».
Quoiqu’il en soit, cette COP n’aura définitivement pas été celle des pays pauvres et des petits pays menacés au premier plan par le changement climatique. Jusqu’au bout, leur revendication n’auront pas été entendues