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Un 2e cas d’une personne qui a éliminé le VIH sans médicament ni greffe

 

Certaines personnes infectées par le VIH parviennent à contrôler l’infection sans médicament. Dans des cas plus rares, l’ADN du virus caché dans les cellules disparaît aussi. Une équipe d’un hôpital américain décrit le cas d’un patient qui a éliminé le VIH de son organisme sans traitement ni greffe. Ce serait seulement le deuxième !

L’adage « Pour vivre heureux, vivons cachés » résume bien la stratégie du virus de l’immunodéficience humaine, ou VIH, pour se prémunir du système immunitaire et des traitements destinés à l’éradiquer. Le VIH est un rétrovirus qui passe la majeure partie de son temps terré dans nos cellules. En effet, l’ARN qu’il embarque avec lui lors de l’infection est rétro-transcrit en ADN et se glisse discrètement entre nos propres gènes. De ces séquences intégrées et protégées naissent des virions qui partent en quête d’autres cellules à infecter. Les traitements antirétroviraux limitent l’apparition de nouveaux virions mais ne détruisent pas le réservoir que forme l’ADN du VIH caché dans nos cellules. L’organisme de certains malades, appelés « contrôleurs d’élite », est capable d’arrêter la création des virions sans médicament. Le réservoir, lui, persiste toujours.

Éliminer le VIH des cellules

Par le passé, plusieurs personnes séropositives ont vu ce réservoir disparaître grâce à une greffe de cellules souches sanguines. Ce sont les fameux patients de Berlin et de Londres, aujourd’hui considérés comme en rémission durable ou guéris du Sida, la maladie associée à l’infection par le VIH. Mais Xu Yu, médecin-chercheur au General Massachusetts Hospital et membre de l’Institut Ragon, et ses collègues ont fait la découverte d’un phénomène encore plus incroyable en 2020 : un « contrôleur d’élite », surnommé le patient de San Francisco, s’est débarrassé du réservoir génétique du VIH sans greffe ! Impossible de l’identifier dans les centaines de milliers de cellules sanguines, mais aussi tissulaires analysées. Les médecins ont appelé cela une « cure stérilisante. »

Le VIH au microscope électronique. © CDC/Dr. Edwin P. Ewing, Jr.

Un second cas de cure stérilisante ?

Dans une publication d’Annals of Internal Medicine, Xu Yu et son équipe présentent un nouveau patient qui pourrait être le deuxième cas de cure stérilisante. Ils ont passé au crible 1,108 milliard de cellules mononuclées du sang et 503 millions de cellules mononuclées placentaires de celui qui a été surnommé le patient d’Esperanza. Aucun fragment génétique du VIH viable n’a été détecté. En revanche, sept provirus défectueux, l’ADN du VIH intégré dans le génome, ont été identifiés. Les médecins restent prudents, l’absence du génome du VIH, même dans un si grand nombre de cellules ne signifie pas qu’il est véritablement absent. Ce cas de cure stérilisante est donc encore sujet à caution.

« Ces résultats, en particulier avec l’identification d’un deuxième cas, indiquent qu’il peut y avoir une voie pour activer la cure stérilisante chez les personnes qui ne sont pas capables de le faire elles-mêmes », explique Xu Yu. L’un des acteurs de cette voie, encore inconnue, serait un sous-type spécifique de lymphocyte T cytotoxique. En comprenant les rouages de cette voie immunologique, les médecins espèrent trouver un moyen de traiter l’infection au VIH.