Le réchauffement climatique a des conséquences sur terre. Il en a aussi pour les mers. Modifiant les conditions biochimiques qui règnent dans les océans, il fait émerger de nouveaux environnements. Y compris du côté des aires marines protégées dont il faudra peut-être revoir le mode de gestion.
L’inquiétant réchauffement des océans En 2020, les océans ont absorbé l’équivalent de 20 sextillions de joules. Jamais depuis 1955 la température de l’océan n’a été aussi élevée.
« L’océan avec lequel nous avons grandi et dont nous gardons le souvenir n’existera probablement pas pour nos petits-enfants. » C’est la triste conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’université de l’État de l’Oregon (États-Unis). En cause, une fois de plus, ce réchauffement climatique anthropique qui non seulement modifie les conditions qui nous étaient familières, mais crée aussi de nouveaux environnements qui pourraient ruiner les efforts de protection mis en œuvre dans les plus grandes aires marines protégées du monde.
À l’aide de modèles climatiques, les chercheurs ont étudié l’évolution selon trois scénarios — celui d’un réchauffement probable, celui d’un réchauffement improbable et celui d’un réchauffement hautement improbable — de six variables réputées affecter les conditions océaniques. Des variables, qui bien sûr, sont amenées à changer avec le réchauffement en cours de la Planète. Et quel que soit le scénario envisagé, des conditions nouvelles et très différentes de ce qu’elles étaient par le passé sont apparues dans plus de la moitié des océans du monde.
Le réchauffement climatique pourrait transformer jusqu’à 95 % de la surface des océans d’ici 2100
Augmentation de la température, niveau d’acidité plus élevé, disponibilité en oxygène changeante. Entre 60 et 87 % des océans devraient subir, d’ici 2100 — la fin de notre décennie concernant spécifiquement l’acidité, un paramètre qui influe sur la quantité de carbonates disponible à certains organismes pour développer leurs coquilles et leurs squelettes –, des changements d’environnements biologiques et chimiques. Et une grande partie d’entre eux se produira sous les tropiques — qui se réchauffent comme jamais — et dans l’océan Arctique — plus aussi froid qu’auparavant.
Les grandes aires marines protégées, imaginées pour préserver les espèces déjà menacées et leurs habitats — les récifs coralliens, par exemple –, connaîtront les changements les plus marqués. Entre 76 et 97 % d’entre elles seront touchées. Les chercheurs notent en effet qu’avec le réchauffement climatique anthropique, les espèces qui y vivent pourraient avoir tendance à partir en quête d’autres endroits qui leur seront plus favorables. « Notre analyse montre que 28 sur 29 de ces zones – comme la Grande barrière de corail ou le réserve des Galapagos – connaîtront des changements de conditions qui pourraient saper nos efforts de conservation », constate Steven Mana’oakamai Johnson, chercheur, dans un communiqué de l’université de l’État de l’Oregon.
Au-delà de la vision d’avenir que les chercheurs offrent ici, ils espèrent fournir des informations précieuses sur la façon dont les conditions océaniques changeantes pourraient affecter les cultures, les sociétés et les économies locales. Et proposer aux communautés, aux décideurs et aux gestionnaires d’habitats protégés, des solutions pour faire face au changement.