Home À LA UNE Tech chinoise: les entreprises forcées de partager leurs algorithmes

Tech chinoise: les entreprises forcées de partager leurs algorithmes

Nouveau coup dur pour les géants chinois du numérique, dont Tencent, Alibaba et ByteDance, qui ont remis aux autorités des détails sur leurs algorithmes. Une démarche sans précédent dans un contexte de plus en plus tendu pour les acteurs du secteur.

C’est un nouveau tour de vis imposé par le régime communiste pour contrer les géants de la tech. Les autorités de régulation ont publié des informations sur les algorithmes de plusieurs applications, utilisées quotidiennement par des centaines de millions de Chinois.

Ces outils permettent de faire des recommandations automatiques à un utilisateur en fonction de ses habitudes ou préférences. Alibaba, le leader du commerce en ligne, propose par exemple de nouveaux produits basés sur l’historique de navigation de l’utilisateur.

De son côté, Douyin, l’équivalent chinois de TikTok, recommande une vidéo à un utilisateur en fonction de celles qu’il a visionnées auparavant sur l’application.

Encadrer les algorithmes

Depuis une loi promulguée en mars, les Alibaba, Tencent et autres ByteDance, qui possèdent d’énormes quantités de données personnelles sur leurs utilisateurs, ont remis aux autorités chinoises les détails de leurs algorithmes, recette secrète pour attirer de nouveaux internautes et les faire rester sur leur application.

Inquiètes de l’opacité des géants du numérique vis-à-vis de ces pratiques, les autorités cherchent à davantage encadrer les algorithmes. Cette décision du régulateur chinois est une énième mesure visant à contrôler de plus près l’activité de ces groupes à l’influence grandissante dans la société chinoise.

Signe de cette défiance envers le secteur du numérique, plusieurs mastodontes ont été épinglés ces derniers mois en matière notamment de données personnelles, de concurrence et de droits des utilisateurs.

Mesures de rétorsion

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Ces dernières années, ces géants de la tech se sont développés dans nombre de secteurs, dont ceux réservés jusque-là aux autorités centrales de Pékin. Alibaba et Tencent – leaders du paiement mobile, devenu omniprésent en Chine – se sont notamment lancés dans le secteur bancaire, chasse gardée des institutions publiques chinoises. De son côté, le régime communiste observe avec méfiance cet essor de la tech et multiplie les mesures de rétorsion.

En 2018, les régulateurs chinois suspendent au dernier moment l’introduction en Bourse de Ant Group, filiale financière d’Alibaba. Quelques semaines avant le blocage de cette introduction record, Jack Ma, PDG du groupe, s’était hasardé à critiquer la rigidité des régulateurs financiers. Un crime de lèse-majesté dans la Chine de Xi Jinping, qui a valu une amende, elle aussi, record de 2,3 milliards d’euros au champion du e-commerce, pour entrave à la concurrence. Conséquence directe, le pourtant très excentrique milliardaire chinois s’est muré dans le silence durant de longs mois.

« Prospérité commune »

Dans la foulée, le président chinois relançait le concept de prospérité commune, un idéal de redistribution des richesses hérité de l’ère maoïste. Les très riches sont priés de participer à cet idéal qui se retrouve partout dans la propagande du régime. Les géants du numérique se sont empressés de multiplier les dons pour « atteindre la prospérité commune ». Même Jack Ma sortait du bois pour affirmer que la « prospérité commune » était de la « responsabilité et du devoir » des entrepreneurs du pays.

Conscients qu’ils n’avaient plus le vent en poupe, de nombreux dirigeants de la tech chinoise ont démissionné, comme Zhang Yiming, le PDG-fondateur de ByteDance, propriétaire de TikTok. La 9e fortune chinoise affirmait dans son communiqué de départ vouloir s’adonner à ses passe-temps favoris et à « rêvasser à ce qui est possible ». Loin du secteur du numérique et des représailles des autorités chinoises

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