COP27 à Charm el-Cheikh: une déclaration finale sans ambition nouvelle

À l’issue de la plénière et de longs débats, les délégations présentes à la COP27 ont adopté, ce dimanche 20 novembre, un accord final appelant à une réduction « rapide » des émissions de gaz à effet de serre. Les participants à la COP27 se sont par ailleurs mis d’accord sur une résolution concernant le sensible sujet des « pertes et dommages ». Cependant, Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a regretté le manque d’ambition de la COP27..

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La conférence sur le climat de l’ONU a adopté tôt, le dimanche 20 novembre au matin une déclaration finale appelant à une réduction « rapide » des émissions de gaz à effet de serre et réaffirmant l’objectif de contenir le réchauffement à 1,5°C. Cet objectif, pourtant déjà acté, était remis en question par les pays producteurs de pétrole notamment, l’Arabie saoudite, l’Iran ou la Russie, dit l’une de nos envoyées spéciales à la COP27, Jeanne Richard. C’est donc un soulagement pour de nombreux pays.

La résolution finale a donc été critiquée par certaines parties comme n’étant pas assez ambitieuse, mais elle a été adoptée par consensus après une dernière journée marathon de négociations serrées. Afin de parvenir à cet objectif, la COP27 réitère la recommandation de Glasgow, signale notre autre envoyée spéciale à Charm el-Cheikh, Charlotte Cosset, la réduction progressive du charbon. Mais sans aller plus loin : une sortie de toutes les énergies fossiles, comme le demandait une coalition de pays, et de nombreuses organisations de la société civile n’a pas été retenu.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a regretté le manque d’ambition de la COP27 sur la réduction des gaz à effet de serre :  « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu », a-t-il notamment déclaré. De son côté, l’UE s’est dite « déçue » par l’accord de Charm el-Cheikh. « Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions », a estimé dans un discours enflammé le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans. « Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux », a encore regretté Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris de 2015.

« Pertes et dommages »

Les participants à la COP27 se sont par ailleurs mis d’accord sur une résolution concernant le sensible sujet des « pertes et dommages ». Elle prévoit la création d’un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques déjà subis par les pays « particulièrement vulnérables ». Un véritable bras de fer s’était engagé ces derniers jours entre l’Union européenne, les États-Unis d’une part et la Chine et les pays en voie de développement d’autre part. « Un moment historique » ont affirmé plusieurs acteurs africains. Pour eux c’est « enfin » la reconnaissance de la responsabilité des pays développés dans les catastrophes climatiques qu’ils subissent au quotidien.

Je pense que c’est bien qu’il y ait un succès, c’est bien qu’on reconnaisse les pertes et préjudices…

EMMANUEL MACRON, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

La résolution souligne le « besoin immédiat de ressources financières nouvelles, supplémentaires, prévisibles et adéquates pour aider les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables » aux impacts « économiques et non-économiques » du changement climatique. Parmi ces modes de financements possibles figure explicitement la création d’un « fonds de réponse aux pertes et dommages », une revendication forte des pays en développement, qui ont fait bloc sur ce dossier. L’adoption de ce fonds est « une première étape décisive vers l’objectif de justice climatique », a réagi sur Twitter le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif. Si la France regrette « le manque d’ambition climatique » de la COP27, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, souligne toutefois que ce sommet « répond aux attentes des pays les plus vulnérables avec une avancée forte : la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques ».

Comité spécial

Les détails opérationnels doivent être définis par un comité spécial pour adoption à la prochaine COP, fin 2023 aux Émirats arabes unis, promettant de nouveaux affrontements. Notamment sur la question des contributeurs, les pays développés insistant pour que la Chine en fasse partie.

(avec AFP