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COP19 de la Cites: une décision «historique» et saluée sur la protection des requins

L’une des propositions majeures, appuyée par l’UE et une quinzaine d’États, dont le pays hôte, le Panama, restera celle d’étendre la protection à une cinquantaine d’espèces de requins menacés par le trafic d’ailerons, convoités pour confectionner des soupes en Asie. Un marché qui dépasse le demi-milliard de dollars par an. Proposition la plus discutée, elle a été adoptée finalement en séance plénière et par consensus.

Une décision qualifiée d’« historique » par le Panama et une bonne nouvelle pour Charlotte Nithart, porte-parole de l’association Robin des Bois et observatrice à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées (CITES),

Concrètement, ça veut dire que quand vous voulez faire du commerce international, il faut qu’il y ait un permis d’importation du pays destinataire, et un permis d’exportation du pays expéditeur. Ça veut dire que les autorités doivent vérifier que ça a été pêché légalement, que ça rentre bien dans le cadre des quotas de pêche, et que tout est réglo, qu’il n’y a pas de la pêche illégale, non déclarée, qui alimente les cargaisons, donc ça permet, non pas de sauver l’intégralité des populations de requins, bien entendu, mais ça permet quand même de mieux contrôler et de mieux connaitre exactement les volumes qui rentrent dans le commerce et donc d’adapter après les plans de gestion, parce que si vous ne savez pas exactement ce qui est pêché, c’est extrêmement difficile de savoir l’état de la ressource, et d’anticiper l’effondrement des populations de requins

Même son de cloche du côté de Loïs Lelanchon, chargé du programme sauvetage des espèces sauvages à l’IFAW au niveau international, le Fonds international pour la protection des animaux, au micro d’Olivier Chermann du service Sciences de RFI : « C’est une décision qui est très très importante, notamment parce que c’étaient des propositions du Panama, donc le pays hôte, donc qui avaient une importance significative. Ce sont des espèces qui sont très exploitées pour le commerce d’ailerons et de viandes, donc il est très important de contrôler ce commerce au niveau international ».

« On n’a plus le temps de ne pas protéger des espèces »

Mais le chemin est encore long, et pour Loïs Lelanchon, il y a toujours urgence à agir : « On n’a plus réellement le temps. Cette COP Cites arrive après un contexte de pandémie. On a aussi des discussions qui ont été adoptées portant sur l’importance d’intégrer le concept d’une seule santé, donc réellement prendre en compte les risques sanitaires qui sont liés au commerce international de la faune sauvage. On est dans une situation où on a des millions d’espèces qui sont menacées d’extinction, donc c’est vrai qu’on n’a plus le temps de ne pas protéger des espèces. Cette COP Cites revêt une importance particulière, notamment pour les espèces qui sont exploitées ou utilisées pour le commerce international, et aussi sur d’autres sujets, par exemple, les propositions qui visaient à rouvrir le commerce international d’ivoire et de cornes de rhinocéros ont été rejetées, donc ça, c’est une très bonne décision ».

La Cites, en vigueur depuis 1975, fixe les règles du commerce international pour plus de 36 000 espèces sauvages, allant de la délivrance de permis (plus d’un million de transactions autorisées par an) jusqu’à l’interdiction totale.

Organisé tous les deux ou trois ans, le sommet s’est déroulé cette année dans l’ombre et sous l’influence de deux autres conférences de l’ONU, elles aussi cruciales pour l’avenir des êtres vivants sur la planète : la COP27 sur le climat qui s’est achevée dimanche en Égypte et la COP15 sur la sauvegarde de la biodiversité en décembre à Montréal.

À chaque réunion de la CITES, les pays membres font des demandes pour reclasser ou déclasser certains animaux en fonctions d’annexes.
Cette année, il y a eu des débats autour des éléphants d’Afrique. Une trentaine de pays, notamment d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, demandaient sa réinscription à l’Annexe I, la plus contraignante, celle qui implique une interdiction totale du commerce de l’ivoire. Mais ils n’ont pas eu gain de cause et ces populations d’éléphants restent à l’Annexe, qui régule le commerce des espèces.
Pas d’évolution non plus du côté des rhinocéros dont un pays demandait la réouverture du commerce. « C’est non », répond la convention et c’est un soulagement pour les associations de protection de la faune et de la flore.
En revanche déception concernant l’hippopotame. Plusieurs pays dont le Bénin, le Burkina Faso, la République centrafricaine, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo avaient fait une proposition pour qu’il fasse son entrée sur les annexes, mettant en avant l’exploitation toujours plus importante de son ivoire. Proposition recalée par les autres membres de l’organisation.

rfi

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