Protection de l’environnement : au Québec, les municipalités s’efforcent de préserver les espaces sauvages

En marge de la COP15 à Montréal, des représentants d’organismes de protection de l’environnement et des villes du Québec se rencontrent ce jeudi 15 décembre. Au menu des discussions : la façon dont les municipalités peuvent en faire davantage pour prendre soin de la biodiversité sur leur territoire. Plusieurs d’entre elles prennent déjà des initiatives pour limiter le développement urbain, comme dans la ville de Québec.

Avec 540 000 habitants environ, la ville de Québec compte un grand nombre d’autoroutes pour desservir les banlieues qui ne cessent de grignoter les territoires encore préservés. Pourtant, il y a quelques mois, cette municipalité décide d’acheter 150 hectares vendus par un promoteur non loin du centre-ville. Canards Illimités, un organisme qui protège les marais où vit la sauvagine, participe à l’acquisition de cet espace sauvage. Sébastien Rioux en est le directeur.

« On y retrouve des lacs, des milieux humides, des grandes parcelles de forêt. C’est un milieu extrêmement riche en termes de biodiversité. On a sauté sur cette opportunité-là, sans hésitation. »

Préserver des fonctions écologiques naturelles

Un quart des milieux humides de la planète se trouvent au Canada. Ils conservent l’eau et la filtrent. Sébastien Rioux détaille les risques que représentent la destruction de ce type de zone en y construisant des routes ou des habitations.

« En développant ce secteur-là, il y a une série de conséquences qui viennent avec ça. Il y a plus de nutriments dans l’eau, il y a certains milieux humides qui vont être drainés, certaines portions de forêts qui vont être enlevées. On vient couper le potentiel de biens et services écologiques du milieu. Donc, en le conservant intégralement, on vient préserver ces fonctions écologiques-là. »

En protégeant le domaine de la Sagamité, la ville de Québec et Canards Illimités protègent aussi une zone située non loin d’un lac utilisé qui alimente 300 000 personnes en eau potable. La conseillère municipale, Marie-Josée Asselin explique : « On ne peut pas renoncer à investir dans la protection de la source d’eau notamment, mais aussi dans la protection de la biodiversité, on veut lutter contre les îlots de chaleur. Il faut garder des arbres, il faut garder de la verdure. C’est bon pour la santé mentale des citoyens aussi, on sait que lorsqu’on vit à proximité de la nature, les gens sont en meilleure santé. »

Des taxes foncières retirées aux municipalités

En protégeant cet espace, la ville de Québec investit finalement dans une infrastructure naturelle pour ne pas construire une usine de filtration d’eau plus tard. Ce faisant, elle renonce à des taxes foncières. Un choix que l’on observe dans plusieurs équipes municipales élues récemment et qui reflète un changement de mentalité au Québec, selon Marie-Josée Asselin.

« Il y a quelques années, développer un nouveau quartier résidentiel en rasant un boisé, ouvrir des rues, il n’y avait personne qui s’opposait à ça, cela faisait partie de ce qu’on voyait un peu partout. Maintenant, chaque quartier qui se développe, les gens sont préoccupés du devenir des arbres, on doit justifier les actions qu’on pose, en fonction du long terme, en fonction de la crise climatique. Je pense que les élus sont représentatifs aussi des préoccupations des citoyens qui commencent à être de plus en plus tournés vers ces enjeux-là. »

Les municipalités vont avoir besoin du soutien financier du gouvernement du Québec pour protéger leur territoire, car leurs revenus dépendent en très grande partie des taxes foncières.