De gauche à droite, les chercheurs Luc Montagnier, Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann. Ici, en avril 1984 à l’Institut Pasteur. AFP – MICHEL CLEMENT
Leur découverte fut publiée dans la revue Science le 20 mai 1983. Il s’agissait là d’une des premières étapes de la lutte contre une épidémie meurtrière, qui a fait à ce jour plus de 40 millions de morts.
L’histoire commence en juin 1981. Une revue médicale américaine fait état de cinq cas troublants : des hommes jeunes, sont atteints d’une pneumonie rare, avec des défenses immunitaires très amoindries ; deux d’entre eux sont morts. Les médecins s’interrogent : pourquoi ces infections « opportunistes » habituellement réservées à des personnes très affaiblies, chez des jeunes personnes jusqu’à présent en parfaite santé ? Les experts américains parlent d’une « épidémie chez les hommes homosexuels et les utilisateurs de drogue ». La maladie n’a pas encore de nom et s’étend.
À des milliers de kilomètres de là, à Paris, un jeune médecin, Willy Rozenbaum, lit ce bref compte-rendu. Quelques heures plus tard, il reçoit en consultation à l’hôpital un jeune homme présentant les mêmes signes, et fait le rapprochement. Au fil des mois, d’autres cas de ce mal mystérieux surviennent, et l’hypothèse d’un nouveau virus émerge.
Une découverte faite en 1983
Willy Rozenbaum entre alors en contact avec des chercheurs de l’Institut Pasteur, Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi, entre autres, qui travaillent sur ce qu’on appelle les rétrovirus. Pour tester l’hypothèse, un ganglion est prélevé sur un patient de Willy Rozenbaum, et des cellules ganglionnaires mises en culture.
Un mois plus tard, le 3 février 1983, à 17h45, résonne dans un laboratoire de l’Institut Pasteur : « Euréka, ça y est, je le vois, je l’ai. » Sous son microscope électronique, Charles Dauguet, un membre de l’équipe, vient d’apercevoir le virus, que l’on nommera quelque temps plus tard « virus de l’immunodéficience humaine », VIH. Les professeures Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier ont d’ailleurs reçu le prix Nobel de médecine en 2008 pour cette découverte.
Quarante ans après cette découverte, il est désormais possible de vivre avec le VIH de façon plus sereine, constate Gérard Pele Dedieu, de l’association Les petits bonheurs. À l’époque, raconte-t-il, « un tas de gens avaient fait une croix sur leur vieillissement, en vendant les biens qu’ils avaient, en disant qu’ils n’avaient pas d’espoir. »
« Il faut se rappeler que dans cette période-là, c’était inéluctable. Vieillir avec le VIH, on ne l’imaginait même pas. Maintenant, on peut vivre. C’est ça qui est le plus important : se faire plaisir, prendre du plaisir, avoir de nombreux petits bonheurs dans sa vie et de grands bonheurs. Pour tous ceux qui ont connu cette période des années 80-90, qui ont été vraiment des drames dans leur vie, pouvoir vieillir avec leur virus est quand même un grand réconfort. »
(Et avec AFP)