Nigeria: Bola Tinubu officiellement investi président

 

Bola Ahmed Tinubu a prêté serment ce lundi 29 mai à Abuja pour devenir officiellement le nouveau président du Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique empêtré dans le marasme économique et une grave insécurité. Malgré l’investiture, une partie de l’opposition continue à contester les résultats des élections du 25 février.

« Moi, Bola Ahmed Tinubu, en tant que président de la République fédérale du Nigeria, je m’acquitterai de mes devoirs et de mes fonctions honnêtement, au mieux de mes capacités, fidèlement et conformément à la Constitution. Que Dieu nous bénisse », a déclaré le nouveau président lors de sa cérémonie d’investiture à Abuja la capitale fédérale.

Plusieurs officiels nigérians ainsi que des dirigeants du continent étaient réunis à Eagle Square à Abuja, notamment les présidents Nana Akufo-Addo du Ghana, Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud, Paul Biya du Cameroun ou encore Paul Kagame du Rwanda. Devant eux et des milliers d’autres invités à Eagle Square, le chef de l’État nigérian a fixé les grandes lignes de son mandat. Sa priorité sera la lutte contre « toute forme de criminalité ». Pour Bola Tinubu, il faut une nouvelle doctrine contre l’insécurité alors que le pays est en proie, notamment, à une insurrection jihadiste depuis 14 ans dans le Nord-Est.

Un autre chantier est de relancer la croissance à l’aide d’une nouvelle politique industrielle et de mesures fiscales qui doivent favoriser la production locale. Il faut dire qu’il hérite d’une conjoncture difficile, avec une inflation à deux chiffres et une explosion de la dette.

Le Nigérian Bola Tinubu prête serment en tant que président de la République

Une période électorale qui aurait empiré l’état de l’économie nigériane?

Alors que l’économie nigériane est déjà troublée, la période électorale l’a largement plombée également : pendant plusieurs mois, le pays a notamment été privé de cash, après la décision contestée de la Banque Centrale de remplacer l’intégralité des billets de banque du pays par des nouveaux. Cela également « au profit des tactiques politiciennes », selon Cheta Nwanze, du cabinet SBM intelligence, à Lagos.

Des décisions politiques qui auraient dû être prises ont été repoussées. Et il y a eu bien évidemment cette directive sur le remplacement des billets de banque par des nouveaux, en pleine période électorale, et qui était sûrement sous tendue par des motifs politiques. Selon une étude conduite par notre cabinet SBM Intelligence, celle-ci a eu un impact négatif sur au moins 76 % des business nigérians. Donc ces décisions se sont ajoutées à l’inertie générale et ont eu un impact sur l’économie puisqu’elles ont contribué au ralentissement de la croissance qui a été enregistré ces derniers mois.

Cette année électorale a paralysé l’économie du pays, selon Cheta Nwanze, du cabinet SBM intelligence, à Lagos.

Une présidentielle toujours contestée par l’opposition

Âgé de 71 ans, le dirigeant d’ethnie yorouba, originaire du sud-ouest du pays, a enfin rendu hommage à son prédécesseur et collègue de parti, Muhammadu Buhari, et a promis « d’assurer le mandat sacré » qu’il lui a confié. Ce dernier, ancien général de 80 ans, est un peul du Nord et se retire après et un bilan jugé très décevant et deux mandats, comme l’exige la Constitution.

L’investiture s’est tenue trois mois après la présidentielle du 25 février, dont le résultat est contesté par les deux principaux candidats de l’opposition, Atiku Abubakar et Peter Obi, qui dénoncent des fraudes massives du parti au pouvoir. Leurs recours en justice sont en cours d’examen.

Surnommé « le faiseur de rois » ou « le parrain », du fait de son immense influence politique, Bola Tinubu avait fait campagne en soulignant que c’était « son tour » de diriger la première économie du continent. Il avait mis en avant son expérience à la tête de Lagos, locomotive du Nigeria, qu’il a gouvernée de 1999 à 2007.

Nombreux sont ceux qui affirment que cet habile homme politique et d’affaires a contribué à moderniser et sécuriser la capitale économique de 20 millions d’habitants. Ils espèrent qu’il aura un impact similaire sur le reste du pays. Mais le nouveau président est aussi visé par des accusations de corruption, qu’il a toujours niées, mais n’a jamais été condamné. Sa santé est également un sujet de préoccupation.

(Et avec AFP