Guinée : Hadja Rabiatou Sérah, une pasionaria du monde syndical s’en est allée (Editorial)

Hadja Rabiatou Serah, icône du monde syndical, s’est éteinte ce mercredi à Conakry, après avoir sans aménité livré sa dernière bataille contre un mal, qui a fini par avoir raison de cette combattante dans l’âme. A force d’abnégation et de bagout, son nom avait fini par se confondre avec l’histoire de la lutte syndicale de ces deux dernières décennies dans notre pays.

Rabiatou Serah n’imposait certes pas par son physique, mais demeurait tout de même une boule d’énergie. Son duo de choc avec feu Dr Ibrahima Fofana, le défunt secrétaire général de l’USTG avait réussi à fissurer la muraille du pouvoir de Conté. En tant que meneurs de la révolte populaire qui avait embrasé le pays entier en janvier et février 2007.

Des convulsions sociales qui avaient révélé aux yeux du monde, cette figure de proue du mouvement syndical dont le combat contre le délitement de l’État, avait fini par payer. Du moins dans le court terme. Car Lansana Conté avait été contraint d’accéder aux revendications des forces vives, en nommant un gouvernement de consensus.

Avant de reprendre la main, en véritable roué politique, face au Premier ministre Lansana Kouyaté, qu’il avait réussi à emberlificoter. Cet espoir déçu n’émoussera cependant pas l’ardeur des forces vives. Celles-ci vont poursuivre la lutte, pied au plancher jusqu’à l’avènement du CNDD au pouvoir, suite au décès de Conté.

La mise en place du CNT dans la perspective d’une gestion inclusive et vertueuse de cette transition, marquera la consécration pour Hadja Rabiatou. Qui sera élue au perchoir, à la tête de cet organe législatif, où se cuisinent les lois de la République.

Le pouvoir d’Alpha Condé, premier président élu démocratiquement, va solliciter à son tour les services de l’ancienne secrétaire générale de la confédération générale des travailleurs de guinée (CNTG), à la tête du conseil économique et social (CES).

Toutefois, ses détracteurs avaient trouvé matière à accabler son silence face aux dérives du régime du professeur Alpha condé. Regrettant que le droit de réserve auquel  l’astreignait ses nouvelles fonctions, soit un handicap pour le mouvement social. Devenu orphelin avec la disparition tragique de son binôme Dr Fofana.

A noter que celle qui s’est éteinte à sn tour ce mercredi, terrassée par un mal dont elle n’a pu venir à bout, fut la première femme à occuper la tête de la CNTG, poste prestigieux dont elle prit les commandes au début des années 2000, après l’éviction de Samba Kébé, qui s’était fossilisé à la tête de cette centrale mère.

Les prouesses qu’elle a pu accomplir durant son parcours à la tête de cette institution, prouvent qu’à cœur vaillant rien d’impossible. Car de par son pedigree, rien ne prédestinait cette femme à atteindre les hautes cimes.

Requiescat in pace Hadja