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Célébration du 65ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée :QU’AVONS-NOUS FAIT DE NOTRE INDÉPENDANCE ? S’ interroge Elhadj Dembo Sylla

Nous venons de célébrer le 65ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée. Cette indépendance n’a pas été obtenue dans la violence, Général De Gaule l’a octroyée à la Guinée en respectant les principes de l’expression démocratique suite au vote de la majorité des guinéens pour le non à la Communauté franco africaine qu’il avait proposé pacifiquement à l’ensemble de ses anciennes colonies.

Ce n’est pas l’Armée guinéenne qui a libéré la Guinée en 1958 puisque elle-même n’a été créée qu’à partir du 1er novembre 1958.
Le mode d’octroi de l’indépendance à la Guinée par la France a été pacifique contrairement au Portugal dont les colonies ont mené des guerres atroces pour accéder à leur souveraineté nationale avec l’aide économique, politique et militaire de plusieurs pays dont la Guinée qui a envoyé beaucoup de ses militaires pour combattre aux côtés de leurs frères de Guinée Bissau, de l’Angola, du Mozambique, de l’Afrique du Sud.

Avant 1958 il y avait le multipartisme intégral en Guinée et c’est grâce à l’unité des dirigeants de ces partis politiques appuyés par le mouvement syndical et la mobilisation des hommes, femmes et jeunes du pays que cette conquête politique a été réalisée.
Et le 02 octobre 1958 la République de Guinée est née et admise à l’ONU. Les autorités en charge de son destin ont souscrit aux chartes et principes fondamentaux des organisations internationales en s’engageant entre autres au respect et à la promotion des droits fondamentaux de l’homme.

Malheureusement, moins d’une décennie après l’indépendance, le gouvernement de la première république s’est attelé et réussit à traquer et faire disparaître tous les autres partis politiques. Le pays vécu ainsi pendant 26 ans dans le système de parti unique qui s’est finalement mué en parti État.

La France en se retirant de la Guinée a rapatrié tous ses administrateurs, ses enseignants, ses ouvriers, ses planteurs, etc et de ce fait n’a fait aucun ombrage à la pleine prise en main du pays par ses nouveaux dirigeants.

Au lieu d’être ancré sur le développement économique et la conduite démocratique du pays, ils ont arrimé la vie de la nation à la seule préoccupation de garder et se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Il s’en est Malheureusement suivi dénonciations de complots, d’arrestations et d’exécutions extra judiciaires des filles et fils du pays ainsi qu’à l’exil dans les pays voisins et plus loin, de milliers de nos compatriotes.

La chute brutale de la première république n’a permis de la faire succéder qu’une junte militaire dont les premiers moments de vie ont été hélas émaillés d’exécutions extra judiciaires de citoyens guinéens.

Cette deuxième république a eu le mérite de mettre fin au centralisme économique au profit du libéralisme économique mais aussi de la création des partis politiques seul cadre de conquête démocratique du pouvoir. Ce multipartisme intégral s’est rapidement corrompu à travers les prises de position ethnique et régionaliste au point que ce qu’on attendait de lui n’était plus qu’une démocratie de façade, un mirage.

Les derniers moments de la vie de la deuxième république ont été faits de troubles, d’instabilités sociales et structurelles à tel point qu’elle n’a pas pu déroger à la règle à savoir l’irruption des militaires dans l’arène politique et administrative du pays.
La période de transition dirigée par cette autre junte militaire a été plus effroyable que celles qui l’ont précédé car en plus d’une instabilité interne à tous les niveaux, elle a assassiné froidement plus de 150 guinéens et guinéennes ainsi que plusieurs portés disparus venus exprimer pacifiquement leurs opinions dans la conduite des affaires de la nation. Cette junte a été violemment balayée et remplacée par une autre avec l’intervention et l’assistance de la communauté internationale qui ont permis d’organiser des élections démocratiques.

Le manque de conduite apaisée et participative des affaires publiques doublée du dénis criards de justice et d’équité entre les composantes politiques, sociales et le citoyens du pays ont créé des troubles successifs et poussé les dirigeants à opter pour la répression systématique et discriminatoire d’une partie de la population guinéenne avec plus de deux cents citoyens et citoyennes froidement assassinés principalement à cause des manifestations politiques légalement autorisées par la loi.
Ce manque ou ce refus de la gestion démocratique de l’État a poussé les dirigeants de la troisième république à s’obstiner pour un troisième mandat à la tête du pays en violation flagrante de la loi ce qui, du reste, a irrésistiblement précipité sa chute le 05 septembre 2021.

Le pays, malgré ses 63 ans d’indépendance, perd les lévriers de la démocratie en replongeant malheureusement une quatrième fois dans une période de transition militaire.
La junte au pouvoir promet dans ses premières communications au Peuple que son objectif est de restaurer la démocratie et reancrer le pays dans l’ordre constitutionnel et républicain dans un délai, après beaucoup de balbutiements, de 24 mois conclu avec la CEDEAO à l’insu des partis politiques et des organisations de la société civile qui ont fait des mains et pieds pour que le processus soit le plus inclusif possible en vain. Elle a promis que son leitmotiv sera l’équité et la justice et que cette justice sera sa boussole.
Mais malheureusement, c’est de cette justice que les guinéens et guinéennes se plaignent le plus depuis deux ans au point que même les magistrats sont en grève ou en prestation de service minimum dans les tribunaux à travers le pays.

Comme le purgatoire d’un péché éternel, en moins d’un an cette junte n’a elle aussi pas dérogé, quelques dizaines de guinéens sont déjà assassinés, des citoyens incarcérés depuis un à deux ans sans jugement. Du délai de 24 mois promis pour exécuter les 12 activités inscrites au programme de retour du pays à l’ordre constitutionnel il ne reste à ce jour que 15 mois sans que le projet de constitution qui est l’épine dorsale ne soit rendu public et aucune visibilité sur les onze autres.

La Guinée avant d’accéder à l’indépendance était démocratique , après des périodes sombres que cette démocratie a traversé, elle s’est réinstallée depuis 1985 et personne, aucun groupe de personnes ne pourra plus jamais avoir raison d’elle. Ceux qui doutent sont priés de compter sur l’engagement politique irréversible et irrésistible des générations actuelles et à venir.
Il faut noter que le mauvais dénominateur commun de tous ces dirigeants et des régimes successifs est et reste le non respect de la parole, de la promesse et la violation du serment et des lois.

Dans tous les pays démocratiques du monde, pour que ça marche bien, tout est d’abord politique après économique et social.
J’en appelle au Président de la transition et aux autorités gouvernementales de ne rien ménager pour le respect de la parole donnée gage certain d’un avenir de paix et de concorde dans le pays.

Par Elhadj Dembo Sylla

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