Témoignage du Général Oumar SANOH » ils m’ont dit qu’il y avait 155 corps que la dame a embarqué dans les trois camions qui sont venus à Ignace Deen »

Dans ses explications, le général à la retraite a fait des révélations bouleversantes .

« J’avais instruit aux différents corps de faire le rassemblement et passer le message aux militaires. J’ai eu la confirmation par certains chefs d’unités que ce jour du 28 septembre 2009, les armes étaient au faisceau. Et le jour j, dès 7heures j’étais au camp Samory, c’est là-bas que j’y ai passé la journée. Il y avait un poste radio à travers lequel je suivais les informations sur ce qui se passait au stade. C’est là que j’ai appris beaucoup de choses », a-t-il expliqué avant de se prononcer sur la situation des 155 corps .

« Vers 11H – 12h, j’ai reçu l‘appel d’une française, elle s’est présentée comme la responsable de la croix rouge internationale et qu’elle était là pour former la croix rouge guinéenne. Elle m’a dit : je suis au stade, on est débordée, la croix rouge est là mais il y a beaucoup de morts. Elle a ajouté qu’ils ont une seule ambulance, de l’aider à avoir d’autres ambulances. C’est là que j’ai appelé le ministre de la défense d’alors, ce dernier m’a dit qu’il était à son chantier. Je lui ai décrit la situation qui semblait assez grave au stade. Je lui ai demandé de nous aider à avoir des ambulances, car on m’a appelé d’urgence au stade pour aider à avoir des ambulances supplémentaires pour l’évacuation des blssés et des morts. Il m’a répondu que toutes les ambulances de l’armée étaient en panne. Il s’est tourné vers les hôpitaux, en appelant la directrice de l’hôpital Donka, mais celle-là aussi lui a fait comprendre que l’unique ambulance dont elle dispose, a été envoyée au stade pour secourir des blessés. La française m’a rappelé, je lui ai fait le point de la situation. Elle m’a alors dit que si on pouvait trouver des camions. C’est pourquoi j’aurais aimé que cette dame aussi témoigne.

Je lui ai donc demandé quel est le nombre de camions dont elle avait besoin. Elle a dit 2 ou même plus ça pourrait l’arranger. J’ai appelé le commandant du train militaire pour l’ordonner de préparer trois camions avec des chauffeurs à bord et de les désigner comme chef de mission. Je leur ai donné l’instruction de se rendre directement au stade et se mettre à la disposition de la française.

Les camions sont partis au stade et se sont mis à la disposition de la française. Elle m’a aussi confirmé que les trois sont arrivés au stade. Ce sont ces trois camions que j’ai ordonnés. Mais après, par l’intermédiaire des chauffeurs, la dame a pu avoir le commandant du train militaire pour lui dire si c’est possible d’avoir un camion de plus. Ils lui ont envoyé un camion sans m’informer.  Ces 4 camions se sont rendus au stade, ils ont embarqué des corps dedans. Après avoir ramassé les corps, la dame a dit de les envoyer à la morgue Ignace Deen.

A Ignace Deen, les chauffeurs n’ont pas trouvé de responsable à qui confier les corps. Ils ont trouvé les travailleurs de là-bas, ceux-ci leur ont dit qu’ils ne peuvent pas recevoir ces corps, ils ont dit que leur chef n’était pas là et qu’il fallait préparer une salle, parce qu’il y avait déjà d’autres corps (des morts de suite de maladie). Ils (chauffeurs) ont décidé eux-mêmes de ne pas laisser les camions s’exposer, ils sont venus au camp Samory, garer là-bas en disant à ceux d’Ignace Deen de les appeler quand ils seront prêts à recevoir les corps. En partant à Ignace Deen, je ne sais pas comment on leur a informé de revenir. C’est par après que j’ai appris par la radio qu’on a enlevé les corps, j’ai convoqué les chauffeurs et le commandant du train. Je leur ai demandé des comptes, ils m’ont dit qu’il y avait 155 corps que la dame a embarqué dans les trois camions qui sont venus à Ignace Deen.

C’est le même nombre qui est venu au camp Samory. Les 155, quand ils sont repartis à Ignace Deen, c’est ce qu’ils ont déposé à la morgue. Après ça les camions sont revenus garer au point initial. J’avais vérifié par la suite pour me rassurer. Toutes ces personnes ont été entendues par la commission d’enquête. C’est vers 16 h passé que j’ai quitté le camp avec l’actuel directeur de cabinet du ministère de la défense nationale qui occupait le même poste en 2009. On est partis au camp Alpha Yaya pour rendre compte. Mais chaque 1 h j’appelais les commandants d’unités pour savoir la situation mais tous me répondaient que les éléments étaient sur place », a révélé cet haut officier  de l’armée.

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