Projet de mont Simandou : trois textes majeurs adaptés au CNT

 Ce samedi 3 février 2024, les Conseillers nationaux ont  adopté à l’unanimité trois textes majeurs qui donnent un coup d’accélérateur dans sa mise en œuvre à l’exécution de ce mégaprojet minier.

Il s’agit des textes de lois portant autorisation de ratification de la convention de co-développement de la compagnie du trans-guinéen « CTG », signé l’an dernier après d’âtres négociations, et des ajustements des conventions minières bipartites entre d’une part, le Gouvernement guinéen et Wining Consortium Simandou (WCS) pour l’exploitation des blocs 1 et 2, et d’autre part entre le Gouvernement guinéen et Simfer SA pour l’exploitation des blocs 3 et 4.

L’examen suivi de l’adoption de ces textes de Lois a connu la présence de certains membres du CNRD (comité national du rassemblement pour le développement), du ministre Directeur de Cabinet de la Présidence, Djiba Diakité président du Comité stratégique de suivi du projet Simandou, du ministre des Mines Moussa Magassouba, ainsi que ceux de l’Environnement et l’Économie et des Finances.

Les infrastructures ferroviaires et portuaires nécessaires au développement de ce projet gigantesque seront financées et réalisées par WCS et Simfer. A la fin de la construction, ces infrastructures seront transférées sans condition aucune à la CTG (compagnie trans guinéen). En effet, WCS réalisera la ligne ferroviaire qui reliera sa mine à la ligne ferroviaire principale et à son quai portuaire à Moribaya. Tandis que Simfer réalisera la ligne de connexion de sa mine vers la ligne de raccordement (entre Beyla et Kérouané) et son quai portuaire pour une distance d’environ 70 km.

Le projet Simandou est de nos jours, le plus grand gisement de minerai de fer de haute qualité inexploité au monde. Son exploitation a été une priorité pour tous les Gouvernements qui se sont succédés depuis l’indépendance de la République de Guinée. Les autorités de la transition qui ont hérité de ce projet longtemps resté en jachère l’ont renégocié. Les clauses de cette convention de co-développement prévoit trois phases de réalisation à savoir : la phase de construction, la phase d’exploitation et la phase de construction d’une aciérie.

La voie principale du chemin de fer à construire sera une double voie avec une distance d’environ 657 km au total et reliera les mines du Simandou Sud et Simandou Nord au port de Moribaya. Sur la base du chronogramme convenu avec les partenaires industriels, la phase de construction du projet devrait s’achever en décembre 2025.

Toutefois, il est à préciser qu’en cas de retard par l’administration dans le traitement et la délivrance des demandes de permis et autres autorisations nécessaires pour la construction du projet, le délai sera prorogé à concurrence de la durée du retard si les demandes sont conformes. C’est pourquoi des dispositions idoines ont été prises par tous les départements ministériels impliqués dans le traitement et la délivrance de ces permis et autorisations. Le guichet unique a été créé à cet effet au sein du ministère des Mines et de la Géologie et devra servir de levier à cette diligence.

De la phase d’exploitation…

Les mines de Simfer et de WCS doivent impérativement atteindre la date de première production commerciale à compter de la « date de commencement du tarif », selon le rapport produit par un organe du CNT. Elles devront atteindre leurs pleines capacités de production de 120 millions de tonnes par an (Mtpa), soit 60 millions pour WCS et 60 millions de tonnes pour Simfer (pour la première phase). Ensuite, la capacité de production de Simfer passera de 60 à 100 millions de tonnes par an, soit une production globale de 160 millions de tonnes pour l’ensemble des quatre (4) blocs du Simandou.

Le passage de 120 à 160 millions de tonnes nécessitera une capacité portuaire supplémentaire, ce qui justifierait la construction en eau profonde d’un port sur les côtes maritimes guinéennes et la réalisation des études de faisabilité de l’extension du quai portuaire de Moribaya.

De la construction d’une aciérie…

Dans la Convention initiale de WCS et sous réserve de la réalisation d’une étude de faisabilité positive, WCS s’engage en partenariat avec des opérateurs de renommée internationale, à partir de la date du 1er janvier 2036, à construire une aciérie avec une capacité annuelle de production de 500.000 tonnes par an. Il faut préciser que dans la Convention de co-développement (CDA- Co-développement Agreement), l’obligation a été élargie à Simfer.

Les deux sociétés doivent, dans les deux ans à compter de l’entrée en vigueur de la Convention de Co-développement, réaliser une étude de faisabilité pour la construction d’une aciérie d’une capacité de 500.000 tonnes d’acier par an ou d’une usine de pellet d’une capacité de 2 millions de tonnes par an. En cas de retard des partenaires industriels, l’État se réserve le droit de faire réaliser les études de faisabilité à la charge des investisseurs, précise le rapport.

Avantages macroéconomiques

Dans sa phase de co-développement, ce mégaprojet va connaitre des avantages macro-économiques. L’investissement prévu pour la construction des infrastructures minières, ferroviaires et portuaires du projet est estimé entre 17 et 18.5 milliards de dollars USD.

« Pendant la phase de construction, le PIB augmentera considérablement avec un investissement annuel sur Simandou estimé environ à un tiers du PIB annuel de la Guinée sur trois ans. L’impact sur le PIB sur cette période sera majeur. L’investissement sur le projet entraînera aussi une légère hausse de l’investissements dans les industries connexes qui profiteront de l’activité liée au projet lui-même. En considérant l’hypothèse que le PIB de 2022 était de l’ordre de 21 milliards USD, nous estimons que le PIB sera, grâce au projet Simandou et toutes choses égales par ailleurs, d’environ de : 28,0 milliards USD en 2024 ; et 28,5 milliards USD en 2025 », lit-on dans le rapport. L’impact économique de cette hausse exponentielle du PIB sera toutefois mitigé par l’importance des importations dans le projet, car la plupart des équipements industriels nécessaires au projet sont fabriqués à l’étranger.

Emplois

Le projet emploie actuellement environ 11.000 Guinéens et Guinéennes. Le multiplicateur exact des dépenses permettant de définir le niveau d’emploi n’est pas connu, mais l’utilisation de comparables suggère un impact indirect de près de 85.000 employés en 2023 (emplois directs, indirects et induits), et jusqu’à 120 000 emplois entre 2024 et 2025. » précise-t-il.

Au cours du débat, Mme la Ministre de l’environnement en répondant à la question d’une des conseillères a rappelé qu’un travail de fond est en train d’être fait pour le respect des impacts environnementaux durant la mise en application du Projet Simandou. Le ministre des Ministre des Mines s’est réjoui de cette adoption. Moussa Magassouba assure désormais que Simandou est entrée dans une phase irréversible.

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