La France appelle la Chine à passer «des messages très clairs à la Russie»

En visite à Pékin, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a appelé la Chine à « jouer un rôle clé dans l’indépendance, le respect du droit international y compris la souveraineté de l’Ukraine » et a défendu le maintien de relations économiques fortes avec le géant asiatique.

C’est la deuxième fois en moins de six mois qu’un ministre des Affaires étrangères français se rend en Chine, après la visite en novembre dernier de la prédécesseure de Stéphane Séjourné, Catherine Colonna. Sa visite s’inscrit dans le cadre du soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, et dans un contexte de reprise des échanges en face-à-face depuis la sortie du Covid-19.

« Nous attendons de la Chine qu’elle passe des messages très clairs à la Russie », a déclaré le ministre, plaidant pour « un rapport de force favorable à l’Ukraine » lors d’une conférence de presse avec son homologue chinois, Wang Yi. Car « évidemment, la Chine joue un rôle clé dans l’indépendance, le respect du droit international, y compris la souveraineté de l’Ukraine », a-t-il estimé.

La Chine, qui se présente comme une partie neutre, mais dont la relation avec la Russie s’est approfondie depuis le début du conflit, prône un règlement politique pour mettre fin aux combats. Elle est régulièrement appelée par la communauté occidentale à jouer un rôle plus actif dans ce conflit, en utilisant son influence sur Moscou. « Cette guerre concerne l’ensemble de la communauté internationale », a lancé lundi Stéphane Séjourné à son homologue chinois, qui n’a pas évoqué spécifiquement le conflit en Ukraine dans son discours introductif en début de conférence de presse.

« Rééquilibrage »

« Nous avons une conviction, c’est qu’il n’y aura pas de paix durable si elle n’est pas négociée avec les Ukrainiens », a ajouté le ministre français. « Il n’y aura pas de sécurité pour les Européens s’il n’y a pas de paix conforme au droit international. » « C’est donc un enjeu essentiel pour nous, c’est pour cela que la France est déterminée à maintenir un dialogue étroit avec la Chine », a encore déclaré le ministre français, en visite pour une journée dans la capitale chinoise.

Le ministre a également évoqué la relation économique entre la France et la Chine : « Il n’est pas souhaitable de se découpler de la Chine », c’est-à-dire de réduire fortement les liens économiques entre les deux pays, a-t-il affirmé. Ces derniers mois, plusieurs dirigeants politiques en Europe et aux États-Unis ont justement évoqué cette nécessité de réduire la dépendance de leur pays au géant asiatique, ce à quoi le gouvernement chinois se dit fortement opposé.

Le ministre français des Affaires étrangères a toutefois plaidé lundi pour un « rééquilibrage économique », car « nos échanges doivent aussi reposer sur une base saine et durable ». Wang Yi a dit « apprécier » que son homologue rejette l’idée d’un découplage. « Il n’est pas possible de se découpler de la Chine, et le découplage d’avec la Chine est le plus grand risque », a-t-il déclaré. « Je crois qu’il a été prouvé, et que ce sera encore prouvé, que la Chine est une opportunité et non un risque pour l’Europe. Les deux parties sont des partenaires et non des rivaux », a-t-il ajouté.

C’est une visite éclair, rappelle notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Le ministre reste 16 heures à Pékin ici avant de reprendre son avion pour Paris, ou le secrétaire d’État américain Antony Blinken arrive ce mardi. Sur le plan économique