Environnement: seul un tiers des aires marines dites protégées le sont réellement

 

Fin 2022 lors de la COP biodiversité de Montréal, les États du monde se sont mis d’accord pour protéger, d’ici 2030, 30 % des espaces marins de la planète. Objectif,  freiner la disparition des poissons et la destruction des écosystèmes marins. Mais une étude scientifique internationale, publiée jeudi 9 mai dans la revue Conservation Letters et à laquelle a participé le CNRS, le démontre : les aires marines aujourd’hui dites « protégées » ne protègent en réalité les poissons de pas grand-chose, car les États privilégient la quantité et pas la qualité de la protection.

Il y a d’abord les aires marines protégées qui n’existent que sur le papier, déclarées comme telles par les États, mais où aucun texte ne régule quoique ce soit. Et puis, toutes les aires marines effectivement encadrées, mais où les activités humaines néfastes sont autorisées.

« Par exemple de l’extraction minière, de l’extraction pétrolière, il peut y avoir du chalutage, or, le chalutage de fond est un engin très peu sélectif et abrasif sur les habitats, donc en fait, ces aires marines protégées n’ont de protégé que le nom », explique Joachim Claudet, chercheur au CNRS.

Un gain aussi pour les pêcheurs

Au total, 60 % de la surface des océans que nous affirmons protéger ne l’est en fait pas efficacement. Les scientifiques appellent donc les États à rehausser d’urgence leurs ambitions et à passer plus d’aires marines en protection intégrale. Cela veut dire y interdire les activités comme la pêche industrielle, l’extraction de sable ou de minerai.

« Dans des zones extrêmement peuplées, poursuit Joachim Claudet, le but n’est pas de faire des aires marines protégées géantes qui excluent tout type d’activité, mais il faudrait faire ce qu’on appelle des réseaux d’aires marines protégées, donc des petites aires marines protégées de protection intégrale, qui permet des activités de pêche au milieu par exemple. »

Les pêcheurs aussi en sortiront gagnants, car en laissant les poissons tranquilles dans des zones strictement protégées, ils grandissent plus, font plus d’œufs et repeuplent ensuite les océans à l’extérieur des aires protégées, reconstituant ainsi les stocks de pêche.