France: entre stupéfaction, joie et consternation chez les Emanuel Macron dissout l’Assemblée

Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale ce dimanche à l’issue des élections européennes dont le RN est sorti grand vainqueur avec 31,5% des voix. Les élections législatives auront lieu le 30 juin et 7 juillet, a précisé le chef de l’État. Entre joie, stupéfaction et colère, les réactions des militants dans les différents QG et dans la rue.

Au QG de la liste Renaissance de Valérie Hayer, les mines sont déconfites, les militants sont abasourdis et les réactions sont fortes, rapporte Charlotte Urien-Tomaka, du service politique de RFI. Mais pour Ahmed, militant Renaissance, même si la victoire du Rassemblement national (RN) est difficile à avaler, le président a pris la bonne décision. « Je suis amer notre défaite, c’est dramatique. Je suis inquiet pour l’avenir de notre pays parce que quand on voit un tel score, c’est inquiétant. Mais il faut laisser la parole aux Français ».

Hélène, militante Renaissance depuis 2016, est déçue, mais pour elle, ce n’est pas une surprise : « On s’y attendait, c’est exactement ce que prévoyaient les sondages. J’espérais un sursaut. Et puis finalement, non. Mais on s’y était préparé. Et moi, ce coup de poker de Macron, ça fait plusieurs mois que je pense qu’il devrait faire ça. »

« Je lui fais confiance, assure un autre militant Renaissance. Je pense qu’il a bien réfléchi à la question, donc je considère là à cet instant qu’il a pris la bonne décision dans le sens où je lui fais confiance. Mais je suis un petit peu craintif, j’ai un petit peu peur que le RN emporte ces élections législatives. »

Xavier, militant jeune avec Macron, est sous le choc : « Je suis un peu sonné, il faut se l’avouer, on est tous un petit peu déçus et doublement sonnés aussi par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. On est tous un peu sous le choc. » Globalement, la plupart des militants Renaissance présents à la Mutualité soutiennent la décision du président de la République de s’en remettre au peuple et se disent prêts à repartir en campagne.

La joie au QG du Rassemblement national

Au RN, la soirée avait débuté avec une première clameur à l’annonce des résultats. L’écart avec la liste du camp présidentiel est écrasante, comme il l’avait annoncé, Jordan Bardella demande au président de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer les élections législatives. Son vœu est exaucé une heure plus tard et une deuxième clameur se fait entendre dans la salle.

Les militants n’en croient pas leurs yeux. « Je ne pensais pas que le président allait faire ce genre de choses, mais qui prennent la décision de faire ça. C’est vraiment une logique implacable et une logique politique normale dans un pays où tout va mal. Et il faut redistribuer les cartes. », lance l’un d’entre eux. « C’est une chance incroyable de pouvoir avoir des nouvelles élections, d’avoir potentiellement plus de 89 députés pour les prochaines élections législatives. C’est largement probable. Donc, on l’espère très fortement », s’exclame une autre militante RN au micro de Pierrick Bonno, du service politique de RFI.

Marine Le Pen arrive sur scène tout sourire en compagnie de Jordan Bardella qu’elle verrait bien à Matignon : « Comme le résultat de ce soir a contraint Emmanuel Macron à revenir aux urnes. J’appelle les Français à venir nous rejoindre pour former autour Rassemblement national, une majorité au service de la seule cause qui guide nos pas la France. »

Le compte à rebours a commencé pour le parti qui doit se mettre en ordre de bataille, les législatives auront lieu dans trois semaines.

Surprise chez Les Républicains

Alors que se jouait leur existence au Parlement européen, sauvé par les 7 % obtenu par la liste de François Xavier Bellamy. L’annonce de législatives anticipées a jeté un nouveau trouble. À peine les dizaines de militants LR venus passer la soirée, ont-ils eu le temps de savourer la fin d’une campagne éreintante que le président Macron renvoie tout le monde aux urnes, décrit Raphaël Delvolve, du service politique de RFI. « On y retourne ? C’est reparti ? », lance des militants étonnés.

Surprise dans l’assistance, mais pas dans la direction du parti, du moins en apparence, Éric Ciotti, le patron des LR : « Nous allons mener cette campagne autour des valeurs de droite. La France a besoin la droite et nous serons à ce rendez-vous. » Pour la campagne, il est hors de question de tendre la main aux Macronistes, selon le patron des LR. « Pour moi, il est hors de question de rentrer dans une forme d’alliance de coalition avec un pouvoir qui a mis la France dans cet État. »

La position de la direction est conforme à celle des militants, mais pas forcément à celle des élus, notamment une partie des 61 députés LR qui remettent leur siège en jeu et dont beaucoup manquaient ce dimanche. Avant la dissolution, certains plaidaient pour s’allier à la majorité présidentielle. D’autres préféraient le statu quo pour ne pas être balayés. Les tensions vont-elles s’accroître ?

La députée Annie Genevard botte en touche. « On est là dans de la politique, pour l’instant, fiction. » La campagne express de trois semaines pourrait clarifier les choses. Une réunion d’urgence s’est tenue dimanche soir, mais rien n’a filtré.

Choc à gauche après la dissolution

C’est d’abord une explosion de joie parmi les militants socialistes et de Place publique à l’annonce du score réalisé par leur liste : 3e et talonnant le camp présidentiel avec 14%. Mais quelques instants plus tard, c’est un Raphaël Glucksmann grave qui monte à l’estrade, raconte Aurélien Devernoix, du service politique de RFI : « Je suis fier de ce qu’on a fait ensemble, mais je n’ai pas l’âme à la fête. L’extrême droite représente 40% en France. »

Et l’ambiance descend encore d’un cran une heure plus tard. La porte-parole du parti socialiste, Dieynaba Diop, a les larmes aux yeux. « Je suis catastrophée, tu ne m’attendais pas à ce qu’il prenne un risque. »

À quelques centaines de mètres de là, chez les Insoumis, après le choc initial, on prépare déjà la suite, Manon Aubry, tout juste réélu eurodéputée, lance : « Dans quelques heures, les amis, On va repartir en campagne. »

En campagne, mais avec qui ? Car la Nupes a implosé à l’automne 2024. Et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon n’est pas du genre à pardonner : « Il ne suffit pas de bêler en cadence : “Union, Union, Union. Ah, je pleure, j’ai peur”. Vous voulez qu’on recommence les palabres sans fin et qu’à la fin, on termine avec des phrases qui ne veulent rien dire ? »

Alors, retour de la Nupes ou séparation définitive des gauches ? Pour décider, il faudra faire vite, les candidatures, communes ou pas, devront être déposées dans les jours qui viennent.

Manifestation sur la place de la République

Du centre de la place de la République émergent des drapeaux palestiniens, écologistes et de la France insoumise. Parmi les jeunes présents, Léandre, pour qui Emmanuel Macron a cédé face au Rassemblement national. « C’est risqué d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale, Rassemblement national, et c’est mettre l’avis de millions de personnes en danger. »

Quand l’extrême droite se rapproche du pouvoir, la jeunesse répond toujours présente, estime Matisse, activiste pour le climat. « On a tendance à dire que les jeunes se désintéressent de la politique, je pense que ce n’est pas du tout vrai et on le voit aujourd’hui, la jeunesse emmerde encore aujourd’hui, le Front national. »

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Face à la jeunesse qui vote de plus en plus pour le Rassemblement national, Matisse explique que : « C’est quelque chose qu’on doit combattre, c’est ça qu’on doit faire passer comme message dans le débat public. »

Pour Anaëlle, il y aura un avant et un après 9 juin : « Moi personnellement, je sens que c’est vraiment un tournant dans mon engagement parce que je vois vraiment les choses devenir très graves. Plus que jamais, j’ai envie d’éviter le pire et de mobiliser le plus de gens autour de moi pour éviter que l’extrême droite se retrouve à gouverner notre pays et l’Europe. »

Pablo, lui, espère rassembler au-delà de la jeunesse. « On commence à le voir parce que ce soir, il n’y a pas du tout que des jeunes non plus. Le prérequis, est-ce que tout ce petit. S’engage à la fois les jeunes et les moins jeunes. C’est une union de la gauche.