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𝐒𝐜𝐚𝐧𝐝𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐝’𝐨𝐫 𝐞𝐧 𝐆𝐮𝐢𝐧é𝐞 : 𝐋𝐞𝐬 𝐂𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭𝐬 𝐒𝐞𝐜𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐚𝐮 𝐂œ𝐮𝐫 𝐝’𝐮𝐧 𝐒𝐲𝐬𝐭è𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐂𝐨𝐫𝐫𝐮𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐓𝐞𝐧𝐭𝐚𝐜𝐮𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 (𝐄𝐩𝐢𝐬𝐨𝐝𝐞 𝟐)

𝑃𝑎𝑟 𝑙’é𝑞𝑢𝑖𝑝𝑒 𝑑’𝑖𝑛𝑣𝑒𝑠𝑡𝑖𝑔𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝐽𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙𝑖𝑠𝑡𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑠𝑡𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑒𝑡é 𝑐𝑖𝑣𝑖𝑙𝑒

C’est un séisme qui ébranle les fondations de la République de Guinée sous la transition militaire du CNRD. Depuis plusieurs semaines, une enquête transnationale menée par une équipe de journalistes d’investigation et d’acteurs de la société civile met en lumière des transactions financières suspectes impliquant la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) et des entités privées du secteur aurifère. Nos investigations ont permis de dévoiler un système de corruption organisé, fondé sur des contrats opaques, des flux financiers troubles et une complicité active au sein des plus hautes sphères de l’État, y compris la présidence.

Au centre de cette toile d’araignée : Tidiane Koita, figure influente du monde des affaires et président de l’Union des Orpailleurs de Guinée, et Karamo Kaba, l’actuel Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Ces deux hommes sont soupçonnés d’avoir orchestré un circuit d’enrichissement illicite via un réseau complexe de sociétés écrans, de facturations fictives et de rétrocommissions institutionnalisées.

Ce dossier, qui prend désormais l’ampleur d’un véritable scandale d’État, pourrait bien marquer l’histoire contemporaine de la Guinée comme l’un des cas de malversation les plus graves jamais révélés. Il expose crûment comment des institutions, théoriquement gardiennes de l’intérêt public, peuvent être détournées au profit d’intérêts privés, dans une impunité déconcertante.

Cette nouvelle publication constitue la deuxième salve de nos révélations. Elle se penche en profondeur sur les contrats frauduleux qui ont permis à ce système de prospérer, offrant un éclairage inédit sur les mécanismes contractuels qui ont servi de levier à la fraude, étayé par des documents et des preuves irréfutables.

Notre travail d’investigation se concentre aujourd’hui sur l’analyse minutieuse des différents accords signés dans le cadre des transactions aurifères impliquant la BCRG.

L’objectif est clair : permettre aux millions de Guinéens, aux observateurs internationaux et aux organisations engagées dans la lutte contre la corruption de décrypter les rouages contractuels de cette fraude, à la lumière de révélations documentées et d’éléments probants.

𝐃𝐞𝐮𝐱 𝐭𝐲𝐩𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭𝐬 𝐚𝐮 𝐜œ𝐮𝐫 𝐝𝐮 𝐬𝐲𝐬𝐭𝐞̀𝐦𝐞

Les contrats formels liant directement Emirates Minting Refinery (EMR) à la BCRG : Ces accords initiaux, bien que rapidement contournés, offrent un point de comparaison crucial pour évaluer les dérives ultérieures.

Les contrats léonins signés entre la BCRG et plusieurs sociétés écrans associées à M. Tidiane Koita : Ces arrangements illustrent une violation flagrante des règles de transparence et de bonne gouvernance, favorisant un enrichissement indu au détriment des intérêts de l’État.

𝐔𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭 𝐢𝐧𝐢𝐭𝐢𝐚𝐥 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐭… 𝐫𝐚𝐩𝐢𝐝𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞́𝐯𝐨𝐲𝐞́

Le contrat initial, paraphé le 23 février 2023 entre la BCRG et EMR, établissait une relation bilatérale directe, excluant tout intermédiaire. Cette condition était clairement stipulée dans le document, notamment dans la clause relative au transport, qui définissait précisément les rôles et responsabilités de chaque partie.

Les documents accompagnant les premières expéditions, émanant du partenaire logistique MSS, confirment sans équivoque cette relation directe. Parmi ces pièces figurent : la Lettre de Transport Aérien (LTA), la facture de propriété au nom de la BCRG, la liste de colisage, la lettre officielle du Gouverneur de la BCRG adressée à la direction générale des douanes, l’évaluation de l’expédition, les documents de dédouanement, les justificatifs de transport MSS et le procès-verbal d’envoi.

Ces éléments, qui constituent une chaîne de traçabilité conforme aux standards internationaux, seront rendus publics dans un prochain épisode de notre enquête.

Le contrat principal, un document de 19 pages, offrait à l’État guinéen un niveau de sécurité, d’assurance et de couverture des risques jugé adéquat. En contrepartie, EMR percevait une commission de 0,1 dollar par gramme d’or, soit 10 dollars par kilogramme – un taux considéré comme raisonnable dans le cadre d’une relation contractuelle encadrée.

Cependant, ce partenariat, fondé sur des bases contractuelles solides, a été rapidement fragilisé par l’irruption d’une concurrence déloyale, incarnée par des entreprises dépourvues de légitimité, propulsées par des réseaux d’influence et des complicités internes à l’appareil étatique.

𝐇𝐲𝐩𝐫𝐨 𝐌𝐢𝐧𝐢𝐧𝐠 : 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐞́𝐜𝐫𝐚𝐧, 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭𝐬 𝐨𝐩𝐚𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐱𝐨𝐫𝐛𝐢𝐭𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬

En mars 2024, une nouvelle entité entre en scène : Hypro Mining Sarl, une société
appartienant à un certain Tidiane Condé, qui en réalité est l’homme de main de Tidiane Koita. Contre toute attente, elle signe avec la BCRG un contrat d’à peine quatre pages portant sur l’achat et la livraison de quatre tonnes d’or. Ce contrat accorde à Hypro Mining une commission stupéfiante de 3,5 dollars par gramme, soit 3 500 dollars par kilogramme et un total de 3,5 millions de dollars par tonne.

Fait troublant : cette entreprise avait initialement été enregistrée avec pour objet social la perforation de puits améliorés en zone rurale. La voilà soudainement promue spécialiste de l’achat et du transport de matières précieuses, sans aucune expertise reconnue ni expérience opérationnelle dans ce secteur stratégique.

Autre élément révélateur : créée moins de quatre ans auparavant, cette même entreprise obtient un contrat de plusieurs centaines de millions de dollars, en marge de tout appel d’offres ouvert. Un pactole indécent, digne des plus grandes opérations de prédation économique orchestrées par des élites complices.

Enfin, et non des moindres, les expéditions liées à Hypro Mining ne comportent aucune des garanties contractuelles présentes dans l’accord avec EMR. Seules figurent la LTA, des factures au nom de Hypro Mining et une simple liste de colisage. Aucune mention de couverture assurantielle, aucun mécanisme de contrôle indépendant, aucune disposition de sécurité contractuelle : un vide juridique savamment entretenu, laissant la porte ouverte à toutes les manipulations.

𝐔𝐧 𝐜𝐢𝐫𝐜𝐮𝐢𝐭 𝐟𝐞𝐫𝐦𝐞́ 𝐚𝐮 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞 𝐝’𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐞̂𝐭𝐬 𝐩𝐫𝐢𝐯𝐞́𝐬

En violation flagrante de l’article 3 du contrat liant la BCRG à Hypro Mining, le Gouverneur de la Banque Centrale a procédé à des avances de fonds en espèces totalement illégales au profit des noms Tidiane. Ces sommes, débloquées en dehors de toute procédure réglementaire, ont permis à ce dernier d’acquérir de l’or sur le marché local, qu’il revendait ensuite à la BCRG via la raffinerie. Ce montage financier frauduleux a créé une boucle d’auto-enrichissement au détriment des caisses de l’État.

Cette mécanique frauduleuse, planifiée et répétée, révèle une stratégie organisée de détournement de fonds publics, opérée sous le couvert de formalités administratives et avec la complicité de plusieurs cercles de pouvoir.

Selon des sources concordantes, les rétrocommissions issues de ces opérations sont redistribuées en cascade jusqu’au sommet de l’État, impliquant potentiellement des membres influents de l’exécutif, donc du CNRD.

À ce jour, le montant cumulé des rétrocommissions générées par ce réseau s’élèverait à plus de 70 millions de dollars, répartis à travers les cinq entreprises écrans contrôlées par M. Tidiane Koita. Ce chiffre vertigineux illustre l’ampleur d’un détournement méthodique, alimenté par un système structuré de captation des ressources publiques.

𝐔𝐧𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐡𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞

Ce système de prédation constitue une atteinte gravissime à l’intégrité de la Banque Centrale, une violation systématique des principes de transparence et une trahison cynique des intérêts de la Nation. Il compromet non seulement la stabilité et la crédibilité de l’institution monétaire du pays, mais érode également la confiance des partenaires techniques et financiers internationaux, déjà fragilisée par d’autres dérives des autorités de la transition.

Notre enquête se poursuit. Très prochainement, nous publierons : Les documents originaux qui étayent nos révélations ; les preuves irréfutables qui démontrent l’étendue de ce système de corruption ; les identités des acteurs clés impliqués dans ce pillage organisé au sommet de l’État, car le peuple guinéen a le droit de connaître la vérité sur la gestion des resources publiques, d’obtenir justice et de voir leurs contribuables détournées être restitués.

Ci-joint les copies des deux contrats pour études et comparaisons (EMR et Hypro Mining)

𝐄́𝐪𝐮𝐢𝐩𝐞 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 :
𝐌𝐚𝐦𝐨𝐮𝐝𝐨𝐮 𝐁𝐚𝐛𝐢𝐥𝐚 𝐊𝐄𝐈̈𝐓𝐀
𝐀𝐛𝐨𝐮𝐛𝐚𝐜𝐚𝐫 𝐀𝐤𝐨𝐮𝐦𝐛𝐚 𝐃𝐈𝐀𝐋𝐋𝐎
𝐀𝐛𝐝𝐨𝐮𝐥 𝐋𝐚𝐭𝐢𝐟 𝐃𝐢𝐚𝐥𝐥𝐨
𝐒𝐞𝐤𝐨𝐮 𝐊𝐨𝐮𝐧𝐝𝐨𝐮𝐧𝐨

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