Le rapport annuel publié le 15 avril 2025 par le programme européen Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dresse un constat alarmant : l’Europe se réchauffe environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. En 2024, près de la moitié des journées européennes ont enregistré des températures bien au-dessus des moyennes de 1990 à 2020, avec 12 % de journées record. Ce réchauffement s’est accompagné d’une hausse des épisodes de stress thermique et de nuits tropicales, en particulier dans le sud et le sud-est du continent. Les impacts sur la santé sont considérables, avec plusieurs dizaines de milliers de décès liés à la chaleur ces dernières années. Les océans ne sont pas épargnés : la Méditerranée a gagné en moyenne 1,2°C depuis les années 1980, un réchauffement qui influence également les régimes de précipitations.
L’année 2024 se distingue aussi par un clivage climatique est-ouest, un phénomène atypique en comparaison avec la division habituelle nord-sud. Tandis que l’Europe de l’Est a connu des conditions chaudes, sèches et très ensoleillées, l’Ouest a été marqué par un temps plus frais, nuageux et pluvieux. Ce contraste s’explique par des systèmes de pression atmosphérique élevés à l’est, associés à des vents chauds venus d’Afrique du Nord, et des basses pressions persistantes à l’ouest. Ce déséquilibre a entraîné des précipitations records à l’ouest, et un assèchement préoccupant à l’est, affectant fortement les sols, les rivières, et la production d’énergie solaire. Même l’Arctique européen a ressenti cette opposition avec des températures records à l’est et un climat plus froid au Groenland.
Enfin, les phénomènes extrêmes se sont multipliés : inondations étendues, tempêtes violentes, feux de forêts destructeurs. En 2024, 413 000 personnes ont été touchées par des inondations ou des tempêtes, causant la mort de 335 individus et des pertes estimées à 18,2 milliards d’euros, dont 85 % dues aux crues. Le débit des fleuves comme la Loire ou la Tamise a atteint des niveaux inédits depuis plus de trois décennies. Sur le front des incendies, 400 000 hectares ont brûlé en Europe, dont 1100 km² au Portugal en une semaine seulement. Et les glaciers, indicateurs-clés du changement climatique, ont poursuivi leur fonte dramatique, avec une perte cumulée de plus de 9000 milliards de tonnes depuis 1975, signal d’alerte ultime sur l’urgence climatique.