Le lundi 12 mai 2025, au Mali, le Conseil National de Transition (CNT), composé de membres nommés par la junte militaire, a adopté un projet de loi abrogeant la Charte des partis politiques. Cette décision suscite de vives réactions au sein de la classe politique, notamment de l’opposition, qui y voit une tentative de musellement.
Avec 130 voix en faveur et seulement deux abstentions, l’organe législatif transitoire a entériné la suppression de ce texte fondamental qui encadrait les partis politiques. Cette adoption survient une semaine après la suspension de leurs activités par les autorités militaires, justifiée par des « raisons d’ordre public ».
Le gouvernement affirme que cette mesure ne vise pas à supprimer les partis, mais plutôt à limiter leur multiplication, rappelant que près de 300 formations sont officiellement enregistrées dans le pays. Le ministère de l’Administration territoriale soutient qu’il s’agit d’une rationalisation, et non d’une disparition de la vie politique organisée.
Une opposition en alerte
L’opposition malienne, quant à elle, dénonce une tentative de neutralisation politique. Plusieurs de ses leaders ont organisé des conférences de presse et des manifestations à Bamako, dénonçant une stratégie voilée visant à dissoudre les partis et à retarder le retour à l’ordre constitutionnel.
L’ancien ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaïla Konaté, n’a pas mâché ses mots. Dans une déclaration acerbe, il qualifie cette abrogation de « coup d’État juridique » et de « forfaiture politique », ajoutant : « Ce n’est pas une réforme, c’est un rapt ».
La décision du CNT marque une nouvelle étape dans la transition politique au Mali, et laisse présager une intensification des tensions entre le pouvoir militaire et les forces politiques civiles.