Diplomatie économique : Washington transforme ses ambassades en leviers commerciaux en Afrique

L’administration américaine, sous l’impulsion de Donald Trump et désormais portée par le secrétaire d’État Marco Rubio, redéfinit sa stratégie diplomatique en Afrique. Exit l’approche traditionnelle axée sur l’aide au développement : place à une diplomatie économique centrée sur le commerce. Pour Christopher Landau, sous-secrétaire d’État, l’objectif est clair : faire des ambassades américaines des pôles commerciaux dynamiques, capables de soutenir concrètement les entreprises américaines. Cette transformation repose sur le déploiement de plus de 1 000 agents commerciaux à travers le monde, qui accompagneront les échanges avec les partenaires étrangers. Les diplomates sont désormais évalués en fonction de leur capacité à générer des retombées économiques tangibles pour les États-Unis.

Ce tournant stratégique s’illustre particulièrement en Afrique de l’Ouest, où Troy Fitrell, haut responsable du Bureau des Affaires africaines, promeut une vision résolument tournée vers les affaires. Dans un continent considéré comme l’un des plus vastes réservoirs de croissance au monde, les États-Unis veulent inverser la tendance : leurs exportations y restent marginales, représentant moins de 1 % des échanges mondiaux. La nouvelle doctrine, « du commerce, pas de l’aide », traduit la volonté de positionner l’Afrique comme un partenaire stratégique à part entière. En cent jours, les ambassades américaines ont déjà facilité la signature de 33 contrats, pour un montant de 6 milliards de dollars. Un sommet États-Unis–Afrique est annoncé pour l’automne afin de consolider cette dynamique.

Cette offensive économique se matérialise aussi dans la région des Grands Lacs, notamment en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. Washington y renforce sa présence dans le secteur des minerais stratégiques. Peu après la signature d’un accord de principe entre la RDC et le Rwanda – facilité par les États-Unis –, une lettre d’intention a été signée entre la société Trinity Metals et des partenaires américains, visant à établir une chaîne d’approvisionnement directe pour les minerais 3T. Troy Fitrell insiste sur la nécessité d’agir vite pour préserver les intérêts américains, tout en rappelant que cette implication se fait à la demande des deux pays. Face à l’avance rwandaise en matière de transformation minière, des voix s’élèvent en RDC pour exiger une meilleure préparation dans les négociations, afin de garantir une prise en compte des intérêts stratégiques congolais.

rfi