Guinée : “Où est Habib Marouane Camara ?” — RSF et 105 journalistes africains exigent des réponses six mois après sa disparition

 

Conakry, le 2 juin 2025 – Six mois après la disparition du journaliste guinéen Habib Marouane Camara, un large front de journalistes et d’organisations de défense de la liberté de la presse se lève pour réclamer justice et vérité. Réunis autour de Reporters sans frontières (RSF), 94 journalistes africains et 11 organisations appellent les autorités guinéennes à briser le silence et à faire toute la lumière sur le sort du fondateur du site Le Révélateur 224.

Le 3 décembre 2024, aux alentours de 20h10, Habib Marouane Camara est intercepté par des hommes en uniforme de gendarmes, alors qu’il se rendait à Lambanyi. Il est violemment appréhendé et conduit vers une destination inconnue. Depuis, plus aucune nouvelle. Ni ses proches, ni ses confrères, ni son avocat n’ont pu obtenir d’information sur sa situation.

Une mobilisation continentale inédite

Dans une déclaration solennelle, publiée ce 2 juin, 105 signataires venus de 29 pays africains interpellent directement les autorités guinéennes :

“Le silence n’est pas une réponse. Il est de leur responsabilité de tout mettre en œuvre pour faire toute la lumière sur le sort du journaliste : où est-il ? Il doit pouvoir retrouver ses proches immédiatement,” déclare Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

Parmi les signataires figurent de grands noms de la presse africaine, comme Pap Saine (The Point, Gambie), Fisayo Soyombo (FIJ, Nigeria), Antoine Kaburahe (Iwacu, Burundi), ou encore Stanis Bujakera (Actualité.CD, RDC). Des organisations telles que le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et l’Alliance des Médias pour les Droits Humains (AMDH-Guinée) ont également joint leur voix à cet appel.

Une disparition aux implications graves

La disparition forcée de Habib Marouane Camara, connu pour ses critiques à l’encontre du régime militaire guinéen et pour ses enquêtes sur les disparitions d’activistes, suscite de profondes inquiétudes. Selon sa famille, il souffre d’une maladie chronique nécessitant un traitement quotidien.

Cette affaire intervient dans un contexte de répression accrue contre les médias en Guinée. En mai 2024, les autorités ont retiré les agréments d’exploitation de six organes de presse indépendants. Le pays a reculé de 25 places dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2025, établi par RSF, se positionnant désormais au 103e rang sur 180.

Une exigence de vérité

“Nous sommes préoccupés par sa disparition et par ses conséquences sur la liberté de la presse et le droit à l’information en Guinée,” écrivent les signataires dans leur manifeste intitulé “Où est Habib Marouane Camara ?”

Ils dénoncent une violation flagrante des droits humains, contraire à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, dont la Guinée est pourtant signataire.

RSF a saisi la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et a plaidé le cas du journaliste lors d’une session publique le 3 mai dernier à Banjul.

Un appel au sursaut des autorités

Les journalistes africains ne demandent pas seulement des réponses : ils exigent la libération immédiate d’Habib Marouane Camara, ou, à défaut, la révélation publique de sa situation réelle. Car au-delà de son sort individuel, c’est l’avenir du journalisme indépendant en Guinée qui est en jeu.

“Une telle situation est intolérable. Six mois après, il est grand temps que les autorités se saisissent publiquement de ce cas et en fassent une priorité,” conclut l’appel.

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Webguinee.info