À l’occasion de la 113e session de la Conférence internationale du travail (CIT) qui se tient à Genève, le ministre guinéen du Travail et de la Fonction publique, M. Faya François Bourouno, a livré ce mercredi 4 juin 2025 une importante déclaration, dévoilant la vision stratégique de la République de Guinée en matière de promotion du travail décent. À la tête d’une délégation composée de partenaires sociaux et d’acteurs institutionnels, le ministre a mis en lumière les réformes majeures entreprises sous la conduite du président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, dans le cadre de la refondation nationale.
Une reconnaissance au BIT pour son appui technique constant
Dans son discours, M. Bourouno a tenu à exprimer la reconnaissance du gouvernement guinéen à l’endroit du Bureau international du travail (BIT) pour son accompagnement technique et son rôle catalyseur dans les progrès enregistrés. « Grâce à l’appui du BIT, nous avons renforcé les capacités de nos mandants tripartites, amélioré notre cadre de gouvernance et posé les jalons d’un dialogue social structurant », a-t-il déclaré.
Il a souligné que les études actuarielles menées récemment constituent une base solide pour une réforme durable du système de protection sociale en Guinée, dans un contexte où le pays vient de rejoindre le Programme de l’Accélérateur mondial pour l’emploi, la protection sociale et les transitions justes — une initiative phare que Conakry considère comme un partenariat stratégique de premier plan.
Une refondation globale autour du programme Simandou 2040
Le ministre a ensuite détaillé les trois piliers de la refondation nationale engagée depuis le 5 septembre 2021 : le pilier social, le pilier économique et le pilier politique, tous articulés autour de la vision à long terme du programme Simandou 2040 pour un développement socio-économique durable et inclusif.
Sur le plan social : renforcer la cohésion et l’inclusion
Le Pacte national de stabilité sociale constitue le socle de ce pilier. Il vise à promouvoir la cohésion nationale en ancrant le dialogue social tripartite comme levier de gouvernance. M. Bourouno a insisté sur l’importance de la récente révision du Code du travail et sur l’extension de la couverture de l’assurance maladie universelle, désormais accessible aux agents du secteur public et aux retraités depuis août 2024. Ces réformes visent à garantir une protection sociale équitable et accessible à tous.
Sur le plan économique : industrialisation et capital humain
La Guinée entend transformer en profondeur son économie, historiquement fondée sur l’exportation brute des ressources naturelles. Sous l’impulsion présidentielle, elle s’oriente désormais vers une industrialisation structurée, s’appuyant sur des chaînes de valeur dans les secteurs minier, agricole et agro-industriel.
Le ministre a cité en exemple le projet Simandou, considéré comme le pilier d’un corridor industriel vert. Ce méga-projet a déjà généré plus de 60 000 emplois directs, avec un investissement estimé à 20 milliards de dollars américains. À cela s’ajoutent la création d’une des plus grandes raffineries d’or du continent et le démarrage d’une raffinerie d’alumine à Boffa. Le gouvernement a également lancé la Simandou Academy, un centre de formation d’excellence dédié aux métiers industriels, numériques, environnementaux et agroécologiques, destiné à renforcer l’employabilité des jeunes.
Sur le plan politique : bâtir un État de droit solide et juste
La refondation politique repose sur le renforcement des institutions, garantes de la justice sociale, de la transparence et de l’égalité des chances. Le ministre a reconnu les défis posés par l’émergence de l’intelligence artificielle, qui bouleverse le monde du travail. « La Guinée s’engage à transformer ces défis en opportunités, en investissant dans le développement des compétences humaines et en promouvant un usage responsable de l’IA compatible avec les objectifs du travail décent », a-t-il affirmé.
Des mesures concrètes pour promouvoir le travail décent
Faya François Bourouno a mis en avant des avancées notables, telles que l’adoption récente de la Convention collective des mines et carrières, garantissant de meilleures conditions de travail aux employés du secteur extractif. Par ailleurs, le Programme Pays pour la promotion du travail décent (2025-2029) a été lancé. Il ambitionne notamment de :
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Formaliser progressivement l’économie informelle,
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Étendre la couverture santé à tous les travailleurs,
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Faire de la sécurité au travail un droit fondamental.
Un engagement renouvelé envers le multilatéralisme
Pour conclure, le ministre guinéen a réaffirmé l’attachement de son pays aux valeurs portées par l’Organisation internationale du travail (OIT). « Fidèle à notre devise “Refondée ensemble pour une Guinée unie, juste et prospère”, notre nation reste engagée à construire, aux côtés de ses partenaires, un avenir où chaque Guinéen — du port minéralier de Moribaya aux contreforts de Simandou à Beyla — verra son travail reconnu, protégé et porteur d’espoir », a-t-il déclaré, sous les applaudissements nourris de l’assemblée.