Chez les jeunes adultes âgés de 20 à 27 ans, les effets de la caféine sur le sommeil sont particulièrement marqués. Une récente étude révèle que cette population est bien plus sensible que les personnes âgées aux perturbations nocturnes induites par cette substance. Les signaux cérébraux, notamment pendant le sommeil paradoxal – phase essentielle à la régulation émotionnelle et à la créativité –, sont fortement altérés. Cette sensibilité accrue s’expliquerait par une densité plus élevée de récepteurs à l’adénosine, molécule naturelle liée à la sensation de fatigue. La caféine, en bloquant ces récepteurs sans les activer, prolonge artificiellement l’éveil. Ainsi, même si l’endormissement semble normal après un café, la qualité réelle du sommeil en est profondément affectée, surtout chez les étudiants ou jeunes actifs qui consomment régulièrement du café en soirée.
Les effets de la caféine ne s’arrêtent pas à l’endormissement : elle modifie aussi l’activité cérébrale essentielle à la consolidation de la mémoire. Pendant le sommeil profond, le cerveau utilise des ondes lentes (delta et thêta) pour trier et renforcer les apprentissages de la journée. Or, ces rythmes se trouvent affaiblis par la caféine, au profit d’ondes rapides liées à l’éveil ou à l’agitation mentale. Cette désynchronisation entrave la fixation des souvenirs, et une consommation régulière de café en fin de journée pourrait à long terme altérer certaines capacités cognitives, sans que cela ne soit immédiatement perceptible. Ce dérèglement invisible, pourtant bien réel au niveau cérébral, fait aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches.
Rfi.fr