Les raisons de l’asile de Yaya Yammeh en Guinée Equatorial

    Yahya Jammeh, l’ex-président gambien, est  en exil en Guinée Equatoriale depuis dimanche 22 janvier .  Mais, pour le moment, aucun commentaire autour de cet étranger dont son arrivée   à Malabo est contesté par l’opposition équato-guinéenne.

    Selon plusieurs sources proches des négociateurs rencontrées par nos confrères de RFI, la Mauritanie était sur les rangs pour accueillir Yahya Jammeh. Mais c’est la proposition marocaine qui était le plus sérieusement envisagée jusqu’à vendredi. Le Maroc, qui multiplie les offensives diplomatiques au moment où il souhaite réintégrer l’Union africaine, aurait notamment eu la préférence de l’épouse guinéo-marocaine de Yahya Jammeh.

    C’est au cours des dernières  négociations, que le président Obiang aurait offert l’asile à l’ex-chef d’Etat gambien, une offre qui aurait eu le double avantage de rassurer Yahya Jammeh face à d’éventuelles poursuites judiciaires, et de rassurer aussi l’équipe d’Adama Barrow et la Cédéao : « Il fallait mieux qu’il soit le plus éloigné géographiquement possible de Banjul », s’accordent nos interlocuteurs.

    Toujours selon ces sources, l’option du Nigeria, proposée mi-janvier par le Parlement, aurait été écartée par Jammeh lui-même, d’une part parce que le Nigeria a été un des premiers pays à mobiliser ses troupes pour une intervention et d’autre part car Yahya Jammeh aurait craint d’être éventuellement rattrapé par la justice. En effet, du temps du président Obasanjo, Abuja avait offert l’asile au Libérien Charles Taylor, avant finalement de le livrer au Tribunal spécial pour la Sierra Léone.

    De plus, le Nigeria est membre de la Cour pénale internationale, tout comme la Guinée. Conakry n’aurait d’ailleurs jamais été envisagée autrement que comme une étape, .

     Mais cet asile  est qualifié   par la Convergence pour la démocratie sociale (CDPS), l’un des principaux partis d’opposition dans ce pays, de violation de la loi.  c’est  dans un communiqué rendu public ce dimanche  dont voici la teneur.

    .« Monsieur Obiang n’a consulté aucune institution, n’a consulté personne ici avant de prendre sa décision, c’est-à-dire que Monsieur Obiang ne respecte pas les institutions du pays, de la République, critique Andrés Esono, le secrétaire général de la CDPS. Il prend ses décisions comme il veut, et quand il veut. »

    Et le CDPS ne veut pas d’un « dictateur » dans le pays. « Je crois que cet homme devrait faire face à la justice de son pays. Nous ne pouvons lui donner un exil d’or ici, quand il a commis beaucoup de crimes chez lui. »