Canada : découverte de 751tombes anonymes provoqué une onde de choc

Au moins 751 tombes anonymes ont été découvertes mercredi lors de fouilles sur le site près d’un ancien pensionnat de Saskatchewan, a annoncé une tribu autochtone. Il s’agirait de la « plus importante » découverte de ce genre à ce jour au Canada.

Des centaines de tombes anonymes près d’un ancien pensionnat autochtone. Moins d’un mois après la découverte des restes de 215 enfants autochtones près d’un autre établissement, celle réalisée mercredi à Marieval, dans l’ouest du Canada, illustre le calvaire subi pendant des décennies par les enfants autochtones dans des établissements scolaires gérés par l’Église catholique.

« Nous avons commencé nos fouilles par géo-radar le 2 juin 2021 et en date d’hier, nous avons repéré 751 tombes non marquées », a annoncé le chef de la Première nation de Cowessess, lors d’une conférence de presse. « Ce n’est pas une fosse commune, ce sont des tombes non identifiées », a ajouté Cadmus Delorme, précisant que « certaines ont pu être identifiées par le passé, mais des représentants de l’Église catholique ont retiré les stèles », un geste criminel au Canada selon lui.

Ces découvertes ravivent le traumatisme subi par les quelque 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits, enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture pour être assimilés à la culture dominante. Nombre d’entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4 000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un véritable « génocide culturel » de la part du Canada.

Le Canada va devoir « tirer les leçons de (son) passé »

Le Premier ministre Justin Trudeau, qui a dit sa « peine » jeudi dans un communiqué, a estimé que le Canada devait « tirer les leçons de (son) passé et avancer sur le chemin commun de la réconciliation ».

De son côté, le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines de la Saskatchewan, Bobby Cameron, a dénoncé un « crime contre l’humanité, une agression contre les Premières nations ». « Le seul crime qu’on ait jamais commis était d’être nés autochtones », a-t-il affirmé, appelant le gouvernement et l’Église à coopérer.

Les fouilles autour de cette ancienne école de Marieval avaient débuté fin mai après la découverte des restes de 215 écoliers enfouis sur le site d’un autre ancien pensionnat autochtone, celui de Kamloops, en Colombie-Britannique, province la plus à l’ouest du Canada.

Cette découverte avait provoqué une onde de choc au Canada et relancé le débat sur ces institutions honnies où les enfants autochtones étaient envoyés de force afin d’y être assimilés à la culture dominante.

Elle avait également relancé les appels à l’intention du pape et de l’Église à présenter des excuses pour les abus et violences dont ont souffert les élèves de ces pensionnats. Le souverain pontife s’était toutefois refusé à présenter de telles excuses, provoquant la colère et la frustration des communautés autochtones canadiennes. De leur côté, les experts en droits humains de l’ONU ont exhorté Ottawa et le Vatican à mener une enquête rapide et complète.

« C’est absolument tragique, mais pas surprenant », avait réagi dès mercredi soir Perry Bellegarde, chef de l’Assemblée des Premières nations, qui représente plus de 900 000 autochtones au Canada, sur son compte Twitter. Plusieurs dirigeants de la communauté autochtone s’attendent à d’autres découvertes macabres dans les prochains mois.  « Nous trouverons d’autres corps et nous ne nous arrêterons que lorsque nous aurons trouvé tous les enfants », assure Bobby Cameron.

(Avec AFP)