Jusqu’ici, les experts de la préhistoire parlaient des Homo sapiens comme originaires d’Afrique du Sud et de l’Est. Une équipe française apporte des éléments nouveaux. Leurs travaux sont publiés ce mercredi 7 juin dans la revue «—Nature—».
Pour ceux qui ont du mal avec l’échelle du temps, il faut imaginer ces bouts de crâne et d’outils tranchants dans une Afrique où le Sahara n’existait pas : l’Afrique d’il y a 300 000 ans. Le continent à l’époque était parsemé de prairies et de savanes gigantesques. Un paysage unifié pour des populations qu’on croyait jusqu’ici concentrées au sud et à l’est de l’Afrique.
En fouillant au Maroc, le français Jean-Jacques Hublin prouve ce dont il était persuadé : l’homme moderne, l’Homo sapiens qui sait se servir d’outils, se déplacer et contenir le feu, est apparu au nord comme au sud en même temps.
« Au-delà de 300 000 ans »
« Nous savons depuis longtemps que l’Afrique est notre terre d’origine. Avec les découverts de Jebel Irhoud, on se rend compte que l’histoire de notre espèce en Afrique est beaucoup plus longue et ancienne que ce qu’on croyait. On va au-delà de 300 000 ans », explique le paléoanthropologue.
« Ensuite, ce n’est pas l’Afrique de l’Est qui est l‘endroit où on a les traces les plus anciennes de notre espèce, c’est l’Afrique du Nord, le Maghreb. En même temps, ça ne veut pas dire que le Maghreb est le berceau de l’humanité. Ça veut simplement dire qu’en fait, ça se passe un peu partout. Ça se passe en Afrique de l’Est, ça se passe au Maghreb, ça se passe en Afrique du Sud. »
Le chercheur estime que cette découverte « change considérablement notre compréhension du lieu et de la date d’origine de notre espèce. » Le site de Jebel Irhoud n’avait pas été choisi au hasard. Dans les années 60, des os primitifs d’hommes de Néandertal y avaient déjà été