Après deux ans de report en raison de la pandémie et de la politique sanitaire de Pékin, la conférence de l’ONU sur la biodiversité, la COP15, s’ouvre finalement ce mercredi 7 décembre à Montréal, même si elle reste présidée par la Chine. Objectif des négociateurs pendant les deux prochaines semaines : aboutir à un accord international avec des engagements concrets d’ici à 2030 pour protéger la nature.
Montréal sera-t-il, pour la biodiversité, l’équivalent de l’Accord de Paris pour le climat ? Scientifiques et ONG en rêvent.
Les chiffres montrent qu’il y a urgence à agir : 69% des populations de vertébrés ont disparu en 50 ans, les trois quarts des écosystèmes de la surface terrestre ont déjà été dégradés par les activités humaines, alors qu’ils sont à la base de nos économies, de notre alimentation, de l’eau que l’on boit ou encore de notre santé.
La nature est vraiment en alerte rouge. Il faut absolument un sursaut et une compréhension de ce que cela veut dire pour nous. On se met collectivement en danger et on est en train d’écrire les conditions d’existence, ou de non-existence, des années à venir.
VÉRONIQUE ANDRIEUX, DIRECTRICE DE WWF FRANCE
Les insectes pollinisateurs, qui permettent l’agriculture, les coléoptères, qui recyclent les bouses de nos animaux d’élevage, ou encore les micro-organismes, qui stockent le carbone dans l’océan… Le monde vivant joue un rôle indispensable. Un million d’espèces pourraient s’éteindre d’ici à 2050.
Alors que les engagements passés n’ont pas été tenus, les négociateurs et ministres présents à partir de ce mercredi 7 décembre à Montréal, représentant près de 200 pays, doivent établir le cadre international de la prochaine décennie. Mais les discussions préparatoires ont été poussives.
Il faut tenter d’établir un cadre international pour protéger la nature d’ici à 2030. Les plus ambitieux, comme l’Union européenne et des pays intertropicaux à la biodiversité luxuriante, plaident pour un objectif de 30% des terres et des mers protégées d’ici à 2030.
Mais d’autres, surtout les grands exportateurs agricoles comme le Brésil, pourraient faire obstruction. La question du financement de la protection de la nature sera, elle aussi, au cœur des négociations. Un tiers des terres sont déjà gravement endommagées, la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans et des produits chimiques et plastiques qui étouffent la terre, l’eau et l’air.
L’humanité est devenue une « arme d’extinction massive » dénonce le chef de l’ONU
L’être humain mène une guerre contre la nature qu’il faut stopper, a dénoncé le secrétaire général des Nations unies António Guterres, lors de la cérémonie d’ouverture de cette COP15 à Montréal.
Avec notre appétit sans limite, pour une croissance économique incontrôlée et inégale, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive. Nous traitons la nature comme s’il s’agissait de toilettes. Et nous nous suicidons par procuration. Car la perte de biodiversité s’accompagne d’un coût humain extrêmement fort. Un coût que nous mesurons en voyant les emplois perdus, la faim, la maladie et les morts. Cette conférence est notre chance d’arrêter cette orgie de destruction. De passer de la discorde à l’harmonie. Et de mettre en pratique l’ambition et l’action qu’exige ce défi. Pas d’excuses. Pas de report. Il est temps de signer un pacte de paix avec la nature.
EXTRAIT DU DISCOURS D’ANTÓNIO GUTERRES À LA COP15 BIODIVERSITÉ DE MONTRÉAL
Je suis inspiré par les jeunes militants écologistes qui se battent pour protéger notre planète et ses habitants.
Mais nous ne pouvons pas leur faire payer les pots cassés.
C’est aux dirigeants de prendre leurs responsabilités et d’agir pour réparer les dommages causés