Alors que le changement climatique frappe toujours plus fort et qu’on assiste à l’extinction massive d’espèces de plantes et d’animaux, des militants critiquent les médias français et veulent que ces sujets soient davantage et mieux traités. L’association QuotaClimat vient de comparer le traitement dans le pays de la Coupe du monde de football au Qatar et celui réservé à la COP15 biodiversité au Canada.
On pourrait dire que c’est la Coupe du monde de la biodiversité, le moment où tous les pays du monde se retrouvent pour essayer d’enrayer l’effondrement du vivant. Et pourtant, la COP15 biodiversité n’a occupé que 0,3 % de l’espace médiatique.
C’est 20 fois moins que la Coupe du monde de football, selon Eva Morel, coprésidente de QuotaClimat : « On parle très peu des enjeux environnementaux, alors même qu’on a un évènement qui a des impacts environnementaux destructeurs et qu’en plus, on parle de manière largement surreprésentée et beaucoup plus importante d’un événement par rapport à un autre qui semble déraisonnable au vu des enjeux qui ne sont pas les mêmes des deux côtés ».
« La crise écologique, c’est la mère de toutes les batailles »
L’association milite pour que le climat et l’environnement prennent plus d’importance dans les médias : « Pendant la crise Covid, les enjeux sanitaires occupaient jusqu’à 75% de l’espace médiatique. On s’est dit, c’est vrai que la crise sanitaire, c’était une crise d’ampleur, mais la crise écologique, c’est la mère de toutes les batailles. Si on n’en parle pas, ce sont les conditions d’habitabilité de la planète qui sont remises en cause. Donc, ce serait intéressant de pouvoir accorder un quota significatif de temps à ces enjeux, et pourquoi pas 20%. On n’est pas fixé sur les 20%, mais c’est histoire de dire, il faut que ça augmente considérablement dans le débat public ».
Car les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) estiment que les médias ont un rôle crucial à jouer dans la perception qu’au public de la crise climatique et sa volonté d’agir.
Même problème en Afrique sur le traitement médiatique réservé à l’environnement
En Afrique aussi, les médias ne prennent pas suffisamment la mesure de la crise climatique, selon Didier Hubert Madafime, journaliste pour la Radio nationale béninoise et coordonnateur du Pamacc au Bénin, le réseau de médias et journalistes africains consacrés au changement climatique. « Les journalistes ne sont pas formés dans ces différents domaines. Donc, ils ne font pas des articles de fond. Ils n’expliquent pas suffisamment, parce que ces questions-là sont récentes en Afrique : les questions de l’environnement, les questions de changement climatique. Ce n’est pas facile de les expliquer si au préalable, on n’a pas été formé. Ce n’est pas suffisant, les populations ne sont pas suffisamment informées, affirme Didier Hubert Madafime. Un paysan qui a l’habitude d’attendre la pluie à partir du mois de mars, et si la pluie n’arrive pas, il faut pouvoir lui expliquer que le cycle des saisons est perturbé. S’il ne comprend pas, il ne peut pas agir.