Général Idy Amine et la réalité blindée qui mitraille .(Par Bella KAMANO)

 

L’engagement citoyen n’est pas synonyme de sécrétion d’émotions à volonté. Il exige un don de soi, un discernement, une impartialité ainsi qu’une exemplarité comportementale. Il prescrit l’amour de la patrie qui ne se déclame pas comme un poème et se ne claironne pas. Il s’incarne, se démontre par des actes salutaires et salvateurs. Cet amour ne se monnaie pas, il ne se roublardise pas, il se vit, il se partage, il se défend jalousement et héroïquement.

Sinon, faire la demande « d’arrêter d’être derrière vos petits téléphones pour verser votre venin de haine ethnique et politique sur la jeunesse » ne devrait aucunement exciter le courroux d’un humanoïde contemporain. A condition que l’adéquation de ces propos avec la réalité blindée mitraille la conscience de ceux qui se reconnaissent à travers eux, ou parce qu’ils viennent d’un Général d’habitude taiseux. Sans quoi avant lui, d’autres les ont ressassés en toutes les circonstances.

En dépit de l’inquiétude exprimée par rapport à l’avenir de la jeunesse et du souci de la préservation de la paix par ses propos, certains ont eu la ruse de les sortir de leur contexte temporel et rationnel. En les ramenant dans leur réel, il est surprenant de découvrir que, son auteur a d’abord invité les intellectuels présents et absents à la cérémonie à se mettre au service de la jeunesse, en allant partager leurs connaissances dans les universités que d’être les vecteurs des inconvénients de la révolution numérique. Point besoin de rappeler que, le futur radieux de toute nation dépend d’une jeunesse conséquemment bien moulée. L’autre tort peut-être du Général Idy Amine pourrait résider dans son impénitence intellectuelle. Or, il ne l’a privée à personne.

Cependant, le verso de la révolution numérique n’a plus besoin de démonstration par ces temps courent. Tant ces capacités de perversion des fondements d’une société et sa puissance subversive sont à tire-larigot. Parlant de subversion, le printemps Arabe en est la parfaite illustration. De cette épode jusqu’à nos jours, le monde subi sans discontinuité les conséquences générées par une chute dans l’inconnue de ces pays victimes de révolutions minutieusement planifiées et amplifiées par les réseaux sociaux (prolifération des armes, terrorisme et immigration.)

Bien vrai que l’ethnie soit une belle réalité universelle, mais l’ethnicisme ou l’ethno-stratégie est absolument une vue de l’esprit. Toute analyse basée sur ces deux termes verse indubitablement dans la subjectivité. D’autant plus que, l’unité de mesure de la valeur intrinsèque d’un Homme n’est ni l’ethnie, ni la communauté, ni la région. Encore qu’entre l’ethnie et l’être humain, la différence à rechercher ne se trouve pas seulement au niveau du choix de l’un par l’autre, mais plutôt de la possibilité offerte à l’être humain de s’identifier à son ethnie. Par conséquent, tout raisonnement qui prend appui sur l’ethnie met en exergue non seulement son caractère irrationnel, mais aussi la mauvaise foi de ceux qu’y croient.

A ce stade du parcours de la Guinée, amputer la responsabilité de ses maux à un groupe de civils ou de militaires, Général de l’armée fut-il revient à classer les guinéens en deux catégories : une première catégorie qui mérite les médailles de la gloire d’avoir sorti la Guinée de l’ornière et, une deuxième catégorie à vouer aux gémonies parce que responsable. Pourtant les maux persistent, résistent et assaillent encore les guinéens en les interpelant d’ailleurs avec insistance, comme pour dire que c’est une responsabilité partagée. D’où il convient rappeler que la Guinée est la maison commune. Si elle brule, ses cendres n’épargneront pas son contenu et sa fumée sera humée avec compassion par ses amis, pendant ce temps, ses ennemis déclarés s’en délecteront.

Par Bella KAMANO