États-Unis: le «mugshot» de Trump devient une arme politique redoutable

 

Politique, justice et marketing. L’arrestation de Donald Trump en Géorgie n’occulte pas que ce dernier continue de grimper dans les sondages. Ses conseillers voulaient d’ailleurs tirer parti de la photo d’identité de l’ancien président prise par la police, pour récolter des fonds en vue de la course à la Maison Blanche. Selon la presse américaine, M. Trump espérait même apparaître menotté, voire souriant. Ce ne fut pas le cas, mais sa bouille renfrognée est déjà au cœur d’un business.

Juste après la publication de son « mugshot », le 24 août, l'ancien président américain Donald Trump la publiait sur X, nouveau nom de Twitter, où il ne s'était plus exprimé depuis son départ de la Maison Blanche en 2021. Avec, entre autres, cette légende : « Never surrender ».
Juste après la publication de son « mugshot », le 24 août, l’ancien président américain Donald Trump la publiait sur X, nouveau nom de Twitter, où il ne s’était plus exprimé depuis son départ de la Maison Blanche en 2021. Avec, entre autres, cette légende : « Never surrender ». AFP – CHRIS DELMAS

Devant un magasin, des énormes drapeaux « Trump 2024 », mais aussi « dégagez les politiciens véreux ». Sur la devanture, une autre image avec Trump sur un char d’assaut du Débarquement aux couleurs de l’Amérique.

Bienvenus chez Wrap Stars, un magasin à Spring, au Texas, spécialisé dans les impressions grand format et qui en profite pour, quand l’occasion se présente, défendre ses positions politiques.

Mary est derrière le comptoir. Quand on lui demande s’ils ont déjà des impressions avec la photo d’identité criminelle de Donald Trump, prise jeudi par la police de Fulton, en Géorgie : « Oh oui, oui, oui ! On va faire des autocollants. »

Dans l’heure qui a suivi la diffusion du fameux « mugshot », le site officiel MAGA (« Make America Great Again ») a mis en vente une nouvelle collection de t-shirts, tasses, autocollants, avec cette photo de Donald Trump et le slogan « never surrender », « ne capitulez jamais ».

« Je vous le dis : ça va devenir le t-shirt le plus vendu au monde, assure cet individu, dans le magasin. Ça va vraiment bien se vendre, vous verrez. Il a déjà une page GoFundMe, Donald Trump, il y vend ses t-shirts et reverse tout à une œuvre caritative. »

En fait, le fils de l’ancien président, Donald Trump Jr., met lui aussi en vente des t-shirt sur son propre magasin en ligne et promet que tous les profits iront au Legal Defense Fund, le fonds de défense juridique. Non pas celui connu aux États-Unis pour lutter contre les inégalités raciales, mais celui créé fin juillet par l’équipe Trump pour payer ses factures judiciaires.

Un t-shirt « Never surrender » (« se rendre, jamais ») coûte 34 dollars, sur le site de Donald Trump. La plateforme Etsy a également été inondée de dizaines d’articles arborant son cliché. On y trouve les t-shirts, des sweats à capuche, des sacs et des autocollants pour pare-chocs.

Les portraits de Donald Trump, y compris les portraits officiels, sont toujours des portraits ambigus où il place toujours une certaine dose de violence, voire d’intimidation. Là, il y a une forme de colère, il regarde par en dessous, et il en fait clairement un outil de communication. Ça va avec son slogan, parce qu’il a un slogan pour cette séquence, « no surrender »

Ouverture d’une enquête sur la procureure ayant annoncé l’inculpation de Donald Trump

Donald Trump la surnomme « Fani la fausse ». La procureure du comté de Fulton en Géorgie, Fani Willis, est devenue une cible pour les partisans de l’ancien président. Et après avoir reçu des insultes et des menaces, elle fait désormais l’objet d’une enquête.

Le représentant républicain de l’Ohio Jim Jordan l’accuse d’avoir poursuivi Donald Trump pour des raisons politiques. Il cherche notamment à savoir si le bureau de la procureure a reçu des financements de l’État fédéral.

Pour le vérifier, il réclame une série de documents sur les échanges entre la procureure et les fonctionnaires fédéraux. Le républicain Jim Jordan s’étonne par ailleurs de la création d’un site internet sur l’enquête de Fani Willis, et ce quatre jours avant l’inculpation de l’ex-président.

Le bureau de la procureure n’a pas souhaité réagir de son côté. Lorsqu’elle avait annoncé l’inculpation de Donald Trump la semaine dernière, Mme Willis s’était défendue : « Mes décisions ne sont basées que sur les faits et la loi », avait-elle souligné.

Les républicains ont également promis d’enquêter sur le ministère de la Justice pour les investigations qu’il a menées sur Donald Trump.

RFI