Présidentielle américaine: Le Duel tant attendu tenu entre Kamala et Donald Trump

À moins de deux mois de l’élection présidentielle américaine, les deux candidats, Kamala Harris et Donald Trump, se sont retrouvés face à face pour un débat télévisé, mardi 10 septembre. Une joute verbale offensive durant laquelle deux visions bien différentes de l’Amérique se sont opposées. Kamala Harris semble avoir dominé l’échange et a mis au défi son rival républicain de débattre une deuxième fois.

Au cours d’un débat télévisé aux enjeux importants pour la présidentielle américaine et le pays, Kamala Harris et Donald Trump ont durement ferraillé, s’accusant mutuellement de mentir et opposant leurs visions de l’Amérique à moins de deux mois d’une élection présidentielle d’ores et déjà historique.

Peu après la fin de cette première confrontation à Philadelphie, Kamala Harris a mis au défi son rival républicain Donald Trump de débattre une deuxième fois, selon un communiqué de son équipe de campagne. Critiquant la performance de l’ancien président, l’équipe de campagne de Harris a assuré : « La vice-présidente est prête pour un deuxième débat. Donald Trump l’est-il ? »

Donald Trump a assuré de son côté n’avoir jamais aussi bien débattu, accusant également les modérateurs de parti pris. « J’ai pensé que c’était mon meilleur débat […], d’autant plus que c’était à trois contre un ! », a assuré sur sa plate-forme Truth Social le candidat républicain, qui a participé mardi à son septième débat présidentiel.

Ce fut la première rencontre et possiblement la dernière entre la démocrate et le républicain qui briguent la présidence des États-Unis. Car malgré le défi lancé par Kamala Harris, aucun autre débat n’est pour l’instant prévu. Et celui-ci ne fut pas une rencontre des plus cordiales.

Dès le début, Kamala Harris s’est imposée et a établi un rapport de forces qui lui était favorable : elle a forcé Donald Trump à lui serrer la main, malgré l’évitement du candidat républicain.

Très vite, le ton est monté. La vice-présidente s’est montrée à l’offensive pendant ces quatre-vingt-dix minutes de débat,  Donald Trump est tombé dans tous ses pièges et s’est énervé quand Kamala Harris s’est moquée de la taille de ses meetings et a eu du mal à rester concentré sur ses réponses.rapporte  le  correspondant de rfi  à Miami, David Thomson.

Elle est marxiste, tout le monde sait qu’elle est marxiste. Son père est un professeur marxiste. Un économiste et il lui a bien enseigné, mais quand vous regardez ce qu’elle a fait à notre pays et quand vous regardez ces millions de personnes qui affluent dans notre pays chaque mois, je crois qu’il y en a 21 millions, pas les 15 que les gens disent (…) c’est plus que l’État de New York, et regardez ce qu’ils font à notre pays, ce sont des criminels.

« Le taux de chômage le plus important depuis la Grande Dépression »

Dès les premières prises de parole, les deux candidats se sont écharpés sur la situation économique du pays. « Donald Trump nous a laissé le taux de chômage le plus important depuis la Grande Dépression », a déclaré la vice-présidente démocrate à propos du mandat de l’ancien président républicain, de janvier 2017 à janvier 2021, estimant que l’administration Biden, durant son mandat, a « nettoyé le bazar qu’a mis Donald Trump ». S’adressant au peuple américain, elle a déclaré que « Donald Trump n’a aucun projet pour vous ».

Donald Trump nous a légué le pire taux de chômage depuis la Grande Dépression. Donald Trump nous a légué la pire épidémie de santé publique depuis un siècle. Donald Trump nous a légué la pire attaque contre notre démocratie depuis la guerre de sécession.

De son côté, l’ancien président américain a choisi le thème de l’inflation pour porter les premiers coups. Selon lui, la persistance de celle-ci, sous l’administration du président démocrate Joe Biden, est un « désastre » pour la population. Avant de basculer rapidement sur son principal thème de campagne, l’immigration ; Trump a avancé être le seul à pouvoir faire face à la Chine, contrairement à son adversaire, une « marxiste ».

Immigration et fausses informations

Et c’est l’air grave, le visage fermé et le regard braqué vers la caméra, sans jamais regarder son adversaire, que Donald Trump a accusé sa rivale de vouloir « ouvrir les vannes de l’immigration ». Selon lui, la politique migratoire de sa rivale provoquera une « troisième guerre mondiale ».

Et comme à son habitude, l’ex-président n’a pas hésité à user de fausses informations pour faire valoir son point de vue. Ainsi, il a repris l’accusation mensongère de son camp selon laquelle des migrants haïtiens mangent « des chats et des chiens » dans une ville de l’Ohio (nord-est). « À Springfield, […] ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C’est ce qui se passe dans notre pays », a déclaré le candidat républicain. Répondant à ces fausses informations, Kamala Harris a parfois eu du mal à réprimer un sourire moqueur.

Kamala Harris a de son côté avancé que Trump était à l’origine du renversement de Roe v. Wade : « Trump interdit l’avortement sans exception, même en cas de viol ou d’inceste, ce qui signifie qu’une survivante d’un crime, d’une violation de son corps, n’a pas le droit de prendre une décision sur ce qu’il adviendra de son corps ». Et d’ajouter : « C’est immoral. Les Américains ne veulent pas de ça. »

« Si Donald Trump était président, Poutine serait assis à Kiev »

Et si leurs visions de ce que doivent être les États-Unis sont aux antipodes, les deux candidats ne s’entendent pas non plus sur la politique internationale américaine.

Trump a ainsi subi les coups de Kamala Harris en politique étrangère. Interrogé sur le conflit entre le Hamas et Israël, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts en moins d’un an, l’ancien président a répondu que s’il tenait les rênes du pays, les conflits en Ukraine et en Israël n’auraient jamais eu lieu et a attaqué frontalement Kamala Harris qu’il a accusée de « détester Israël ».

Tout le monde sait qu’il admire les dictateurs et qu’il veut être un dictateur lui même dès le premier jour selon ses mots. Tout le monde sait qu’il a dit que Poutine pouvait faire ce qu’il veut en Ukraine, et que l’invasion de la Russie en Ukraine était brillante.

Il a aussi estimé que si Harris arrivait pouvoir, cela serait une « menace pour la démocratie » et « Israël disparaîtrait en deux ans ». Kamala Harris, elle, s’est contentée du discours américain répété depuis des mois en déplorant le bilan humain du conflit, appelant à un cessez-le-feu et à la libération des otages tout en rappelant le droit d’Israël à se défendre.

C’est sur le dossier de la guerre en Ukraine que l’ex-président américain s’est montré davantage impliqué. « Je connais très bien Zelensky et je connais très bien Poutine. J’ai une bonne relation avec eux. Ils me respectent. C’est une guerre qui doit être réglée. Je la réglerai avant même de devenir président. Si je gagne, quand je suis président élu. Et ce que je ferai, c’est que je parlerai à l’un, je parlerai à l’autre. Je les réunirai », a-t-il dit. En revanche, « ils ne respectent pas Biden », a-t-il estimé, provoquant ainsi l’ire de Kamala Harris : aujourd’hui, « c’est elle qu’il doit affronter », a-t-elle lancé.

« Si Donald Trump était président, Poutine serait assis à Kiev en ce moment-même et comprenez ce que cela signifierait, parce que l’agenda de Poutine ne concerne pas seulement l’Ukraine », a-t-elle mis en garde. « Les dictateurs vous soutiennent parce qu’ils savent qu’ils peuvent vous manipuler par la flatterie. Vous êtes une honte », lui a enfin jeté Kamala Harris, qui sort victorieuse de ce débat crucial de l’avis de la majorité des commentateurs américains.

rfi