Réchauffement climatique: 2024 sera la première année au-dessus du seuil de 1,5°C de réchauffement

C’est désormais une certitude. 2024 sera la première année où le réchauffement dépassera les 1,5°C par rapport à la période préindustrielle, indique ce lundi 9 décembre l’observatoire européen Copernicus dans son bulletin mensuel. Ce mois de novembre a été le second plus chaud jamais enregistré, juste après novembre 2023. Une tendance inquiétante.

La température moyenne sur la planète s’élevait à 14,10°C en novembre. Ce mois, marqué par une succession de typhons dévastateurs en Asie et la poursuite de sécheresses historiques en Afrique australe ou en Amazonie, a été 1,62°C au-dessus de la moyenne mensuelle de la période préindustrielle. L’observatoire Copernicus indique qu’il est désormais certain que l’année 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et dépassera pour la première fois les 1,5°C de réchauffement moyen. Ces niveaux historiques pourraient perdurer ces prochains mois avec des températures mondiales attendues « proches des records » début 2025, a déclaré Julien Nicolas, scientifique au C3S, d’autant qu’un retour du phénomène La Niña, synonyme de refroidissement, reste encore incertain cette année.

Ce seuil symbolique des 1,5°C montre que le monde semble en bonne voie d’échouer sur l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Cet accord historique fait référence à des tendances climatiques de long-terme. Il faudra donc que la moyenne des températures se maintienne au-dessus des 1,5°C de réchauffement pendant 20 à 30 ans pour considérer que la limite a été franchie. En prenant ce critère, le climat est actuellement réchauffé d’environ 1,3°C. Le Giec estime que la barre d’1,5°C sera probablement atteinte entre 2030 et 2035. Et ce, quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, proches du pic mais pas encore en déclin. Les scientifiques s’interrogent et s’accordent sur une chose : le climat actuel est si différent de celui du 20e siècle que les humains entrent désormais en territoire inconnu.

310 milliards de dollars de perte dans le monde

Selon les derniers calculs de l’ONU, le monde n’est pas du tout en bonne voie de réduction de sa pollution carbone pour éviter une très forte aggravation des sécheresses, des canicules ou des pluies torrentielles déjà observées, coûteuses en vies humaines et en impacts économiques. Les politiques actuelles des nations emmènent le monde vers un réchauffement « catastrophique » de 3,1°C au cours du siècle, voire 2,6°C si les promesses de faire mieux sont tenues, selon l’ONU Environnement.

Les pays ont jusqu’à février pour soumettre aux Nations unies la révision de leurs objectifs climatiques d’ici 2035, appelées « contributions déterminées au niveau national » (NDC). Mais l’accord a minima de la COP29 fin novembre risque d’être invoqué pour justifier de faibles ambitions. Les pays en développement ont obtenu 300 milliards de dollars de promesse d’aide annuelle des pays riches d’ici 2035, soit moins de la moitié de leur demande pour financer leur transition énergétique et leur adaptation aux dégâts climatiques. Le sommet de Bakou s’est aussi conclu sans engagement explicite à accélérer la « transition » vers la sortie des énergies fossiles, approuvée à la COP28 de Dubaï.

En 2024, les catastrophes naturelles, alimentées par le réchauffement, ont causé des pertes économiques de 310 milliards de dollars dans le monde, a estimé jeudi Swiss Re, le groupe suisse qui fait office d’assureur pour les assureurs.

Une forte augmentation des températures depuis 2023

La forte augmentation des températures depuis 2023 est inquiétante car la hausse des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ne suffit pas à l’expliquer. Et l’on s’attendait à ce qu’elles redescendent après la fin du phénomène « El Niño », au printemps dernier. En 2023, ce phénomène naturel s’était combiné au réchauffement climatique d’origine humaine pour pousser les températures mondiales à un niveau record.

L’année qui suit « El Niño » « est fréquemment plus chaude que la première » et après un pic autour de décembre-janvier « la chaleur se distribue au long de l’année », répond le climatologue Robert Vautard. Mais en 2024, « il est vrai que le refroidissement est très lent », ajoute-t-il. « Pour le moment, on reste dans les marges relativement attendues » des projections, mais si « les températures ne redescendent pas plus franchement en 2025, il faudra se poser des questions », dit-il

Rfi.