Démission de Mahomed Traoré : Un acte de conviction, une promesse de rémunération plus grande ailleurs par des acteurs malfaisants ou une simple volonté de faire le buzz médiatique ?

 

La démission récente de Mahomed Traoré du Conseil National de Transition ne manque pas d’interroger les observateurs de la scène politique. Ce départ soulève une question fondamentale : s’agit-il réellement d’un acte de conviction, d’une promesse de rémunération plus grande ailleurs par des acteurs malfaisants ou d’une simple volonté de faire le buzz médiatique ?

Au sein du CNT, Mahomed Traoré n’a jamais véritablement marqué les esprits par ses contributions. En commission, ses interventions étaient quasi inexistantes, et en plénière, son apport se résumait à un mutisme ou une absence presque totale. Sa rare présence semblait davantage motivée par la perception des indemnités que par un réel engagement au service de la Nation. En somme, il a été un membre passif et sans impact notable sur les travaux de l’organe législatif de la transition.
Le CNT, rappelons-le, est investi d’une mission cruciale : celle de poser les jalons d’un retour à une vie constitutionnelle normale. Cette mission est encadrée par les articles 57 et suivants de la Charte de la Transition, notamment la rédaction d’une nouvelle Constitution et des textes législatifs nécessaires à la refondation de l’État. Mahomed Traoré a prêté serment d’accomplir ces tâches, un engagement solennel devant la Nation.

Pourtant, au lieu de respecter cet engagement, il a choisi de quitter le navire en pleine mission. Et ce départ ne peut être considéré comme une simple démission. Il s’agit, en réalité, d’un acte de parjure. En prêtant serment, il n’a pas juré de respecter un délai précis pour l’achèvement des réformes. Son engagement portait sur l’accomplissement des missions. En se retirant avant la finalisation des travaux, il trahit donc cet engagement. Pire encore, son argument sur les 36 mois relatifs au Chronogramme du retour à l’ordre constitutionnel, justifiant sa démission, ne tient pas la route. Puisque la résolution du CNT a été votée le 11 mai 2022. Cela ne fait donc pas 36 mois encore.

Donner une importance publique à cet acte de démission serait lui offrir une tribune qu’il ne mérite pas. Mahomed Traoré semble vouloir se poser en victime du processus de transition, espérant peut-être capitaliser sur un rôle de vedette médiatique qu’il n’a jamais réussi à jouer au sein du CNT. Mais les faits sont là : il n’a été d’aucune utilité dans l’exercice de ses fonctions. Très dommage pour lui !

Le travail du CNT n’est pas terminé. Si la nouvelle Constitution est en bonne voie, il reste encore à élaborer les lois organiques nécessaires pour garantir le retour à une vie constitutionnelle normale et stable. Ceux qui, comme Mahomed Traoré, abandonnent la mission en cours de route ne peuvent prétendre avoir servi la Nation avec honneur.

Plutôt que de céder à la tentation de répondre à ses provocations, le CNT doit rester concentré sur ses objectifs. La meilleure réponse à cette tentative de buzz est le silence et le travail acharné pour mener à bien la mission de transition. Les Guinéens jugeront, et l’Histoire retiendra ceux qui ont véritablement contribué à la refondation de l’État.

Alhassane Bangoura