Le sommet de Paris met en évidence le potentiel de l’IA dans le domaine de la santé, tout en soulignant les progrès encore nécessaires pour optimiser son utilisation. Alors que l’IA continue de se développer, elle promet de révolutionner la médecine, offrant des outils précieux pour améliorer le diagnostic et le traitement des patients.
Sous la verrière du Grand-Palais, cinquante projets innovants ont été mis en lumière, soulignant le potentiel de l’IA dans des domaines comme la santé. Parmi eux, un robot conversationnel conçu par l’entreprise Audere, basée entre l’Afrique du Sud et les États-Unis, se distingue.
« Notre IA va apporter des réponses concrètes et adaptées en matière de santé sexuelle, de prévention du VIH qui sont des sujets encore très tabous. Nos utilisateurs peuvent poser toutes les questions qu’ils veulent, notre IA va les guider pour réaliser des autotests, et si besoin à les mettre en relation de manière anonyme avec des cliniciens », explique Sarah Morris, la responsable marketing de l’entreprise.
Mais dans le domaine médical, l’IA va déjà beaucoup plus loin et vient désormais soutenir les professionnels de santé. Elle est déjà largement utilisée en imagerie médicale, où elle aide à détecter des fractures et des cancers, notamment du sein. Dans un cabinet de radiologie parisien, entre les traditionnels panneaux lumineux et les écrans haute définition, un petit ordinateur équipé d’un logiciel d’IA joue désormais un rôle crucial dans l’analyse des mammographies.
L’IA en soutien des diagnostics médicaux
« L’IA peut détecter des microcalcifications suspectes sur les mammographies, classant leur gravité sur une échelle de un à dix. Si l’IA classe une anomalie à huit, des examens complémentaires sont nécessaires », détaille le Dr Grégory Lenczner, radiologue et président de la société savante de radiologie pour la région Île-de-France.
Mais l’IA est-elle plus performante qu’un radiologue expert ? Selon le Dr Lenczner, les études montrent que l’IA ne détecte pas plus d’anomalies qu’un expert humain. Cependant, dans la pratique quotidienne, l’IA offre une confirmation précieuse. « L’IA ne va pas détecter plus de choses qu’un radiologue expert. Mais dans la vie courante, on peut être dérangé par un coup de téléphone, une fatigue visuelle, il y a le côté humain qui rentre en ligne de compte. Et donc l’IA nous confirme qu’on n’a rien laissé passer », précise-t-il
Pour Anne, patiente dont la mammographie de contrôle est normale, cette double analyse est rassurante. « Ça me rassure parce qu’en fait, il y a les deux avis. Pour moi, c’est complémentaire », confie-t-elle. Le risque reste cependant que l’IA puisse parfois susciter des doutes inutiles en suspectant une anomalie qui n’en est pas une. « Ça peut nous faire perdre du temps et surtout faire des clichés de plus à la patiente et l’inquiéter pour rien », explique le Dr Christine Salem. L’IA a donc encore des progrès à faire, mais la démocratisation de son usage dans le milieu médical devrait rapidement contribuer à son amélioration.
De nouvelles solutions pour les personnes en situation de handicap
Alors que le sommet sur l’intelligence artificielle de Paris coïncide avec le 20e anniversaire de la loi handicap en France, l’IA suscite aussi beaucoup d’espoirs pour les personnes en situation de handicap. Non-voyant depuis sa naissance, Manuel Pereira utilise BE.MY.EYE, une application d’intelligence artificielle qui décrit des photos. En balayant l’écran de son téléphone, il détaille comment l’IA peut transformer le quotidien des malvoyants, en leur décrivant une photo, en recherchant et scannant un document, l’IA est déjà utile pour les personnes malvoyantes.
Mais pour lui qui est passionné de nouvelles technologies, il faut aller beaucoup plus loin. « Le rêve, ce serait d’instaurer un dialogue naturel avec les appareils du quotidien, qu’on utilise : le frigo, le four, etc. Vous êtes devant votre four, vous lui dites voilà, je viens de mettre un rôti de veau, est-ce que tu peux me programmer une cuisson de 30 ou 40 minutes ».
Ce dont rêve Manuel Pereira, c’est un système de lunettes connectées au téléphone, déjà en service aux États-Unis, mais interdit pour le moment en France. « C’est-à-dire que vous allez pouvoir marcher dans la rue et demander à l’intelligence artificielle de vous dire « Dis-moi ce que tu vois », ça améliorera l’autonomie des gens dans leur vie quotidienne ». Il en rêve, mais reconnait bien que l’IA n’est pas à la portée de tous. Elle peut faire peur aux plus âgés, qui ne sont déjà pas toujours à l’aise avec les nouvelles technologies. Pourtant, ce sont eux les plus touchés par les problèmes de vue.
Rfi.fr