Cette semaine Stéphane Besançon, nutritionniste et directeur de l’ONG Santé Diabète au Mali a souhaité nous parler du scandale sanitaire qui a animé l’été, les œufs contaminés au Fipronil,
Pour Stéphane Besançon :
Il faut d’abord rappeler que le Fipronil est un antiparasitaire utilisé pour tuer les acariens (par exemple les poux ou les tiques) mais dont l’utilisation est interdite pour les animaux d’élevage qui pondent ou qui sont destinés à la consommation humaine. Malheureusement, des éleveurs industriels, qui avaient des acariens dans leurs élevages de poules ont utilisé le Fipronil pour les traiter. La conséquence est que des millions d’œufs de poules déjà présents en Allemagne, en France, en Suisse et aux Pays Bas, ont été contaminés
Quels sont les risques liés à l’ingestion de produits contaminés par le Friponil ?
SB : Si l’on regarde la classification de l’Organisation Mondiale de la Santé, elle classe cet insecticide comme étant moyennement toxique pour l’homme. Plus précisément, elle estime qu’il y a peu de risques en consommant un aliment isolé contenant des traces de fipronil mais qu’il y a un risque si l’on consomme régulièrement des produits ayant un niveau important de contamination en fipronil. En effet, en grande quantité ce produit peut causer des dommages au niveau du foie, de la thyroïde et aussi des reins.
Comment les consommateurs peuvent-ils s’assurer de la provenance et de la qualité des œufs qu’ils achètent ?
SB : Pour ceci, il est important de savoir décrypter les codes qui sont imprimés sur les œufs provenant de l’Union Européenne. En effet, ce code est obligatoire depuis une directive européenne de 2002. Il comprend trois choses : un chiffre indiquant le mode d’élevage ; suivi d’un code iso indiquant le pays d’origine de l’œuf et enfin d’un code de traçabilité permettant de connaitre l’élevage de provenance de l’œuf. Pour le consommateur, le premier chiffre est central car il permet de faire un choix éclairé sur le type d’œufs que l’on consomme en se référant aux 4 catégories définies par cette norme à savoir :
– Le chiffre 0 qui signifie BIO : avec un élevage de maximum 6 poules/m2 avec un libre accès à un parcours extérieur durant la majeure partie du jour qui offre au moins 4 m2 par poule, une taille d’exploitation limitée à 3000 poules et une nourriture sans OGM, issue à 95% de l’agriculture biologique.
– Le chiffre 1 qui signifie EN PLEIN AIR : avec un élevage de maximum 9 poules/m2 avec libre accès à un parcours extérieur durant la majeure partie du jour qui offre au moins 4 m2 par poule, une alimentation libre et une taille de l’exploitation non limitée.
– Le chiffre 2 qui signifie AU SOL : avec un élevage max de 9 poules/m2 sans accès au plein air ni à la lumière naturelle et une taille de l’exploitation non limitée.
– Le chiffre 3 qui signifie EN CAGE : avec un élevage où chaque poule doit avoir au minimum 600 cm2 de surface utilisable (soit l’équivalent d’une feuille A4), sans accès au plein air ni à la lumière naturelle et une taille de l’exploitation non limitée.
Quels sont vos recommandations en fonction de ces différentes catégories ?
SB : Il est très clair qu’il faut choisir un œuf de la catégorie 0 car il présente 3 avantages à travers son mode de production :
– En premier, il permet de garantir le bien-être de l’animal ;
– Ensuite, il permet de garantir la qualité du produit en évitant les contaminations grâce à l’utilisation d’une alimentation biologique des poules ;
– Enfin, il permet de garantir aussi la qualité du produit en évitant par exemple l’ajout de produits comme la canthaxantine dans l’alimentation des poules qui permet de rendre artificiellement l’œuf plus jaune (cet ajout étant bien entendu interdit pour les œufs Bio de catégorie 0).