Près d’un an après l’enlèvement d’Oumar Sylla, alias Foniké Manguè, et de Billo Bah par des hommes en uniforme selon des témoins, leurs familles demeurent sans nouvelles. Malgré l’ouverture d’une enquête par les autorités judiciaires, aucune avancée significative n’a été enregistrée.
Mamadou Sylla, grand frère de Foniké Manguè et leader de l’UDG, exprime sa profonde détresse :« La famille a aujourd’hui le moral trop bas. Nous ignorons où ils se trouvent, s’ils sont encore en vie ou en bonne santé. »
Ce silence prolongé renforce l’angoisse. Depuis leur enlèvement, déplore Mamadou Sylla, « personne n’a affirmé les avoir vus, et leur nom est aujourd’hui presque tombé dans l’oubli. » Cette situation plonge les familles dans une inquiétude grandissante.
Autre sujet de frustration : l’impossibilité pour les proches de mener des démarches officielles.
« Si les autorités reconnaissaient officiellement les retenir, nous pourrions engager des actions. Mais ce n’est pas le cas. »
À l’échelle internationale, le combat se poursuit. Toutes les institutions de défense des droits de l’homme ont été saisies, affirme Sylla, mais aucune réponse concrète ne leur est parvenue.
« Même les autorités judiciaires et politiques disent ignorer où ils se trouvent. C’est désespérant. »
Face à cette impasse, la famille s’en remet à Dieu, bien que l’espoir de retrouver les deux militants vivants s’amenuise jour après jour. Mamadou Sylla évoque avec inquiétude un récent cas de disparition d’un militaire, dont le corps a été retrouvé après un appel à sa famille pour l’identifier.
Autre fait troublant : aucune équipe d’enquête ne s’est rendue au domicile familial, malgré l’enquête officiellement ouverte.
« En général, lorsqu’une autorité n’est pas impliquée dans une disparition, des investigations sérieuses sont menées. Ici, ce n’est pas le cas. Depuis leur disparition, seule la presse nous a approchés. Ni le Parquet, ni la police, ni la gendarmerie ne sont venus. »
Malgré tout, Mamadou Sylla garde l’espoir qu’un jour, la vérité éclatera.
« Comme pour le camp Boiro ou d’autres épisodes sombres de notre histoire, des témoins finiront par parler. »
Interview réalisée par Mosaiqueguinee.com